Les dépôts de plainte en cascade avaient interloqué les services de police des Bouches-du-Rhône, saisis cet été par des automobilistes surpris de découvrir que leur véhicule avait été la cible de voleurs friands de caméras de recul. Les auteurs de ces vols ont finalement été interpellés et condamnés par la justice courant novembre, comme confirmé au Figaro de sources policière et judiciaire.
«Cela concernait des Clio 5. La caméra est incrustée dans le logo de Renault, lui-même facilement démontable», souffle le commissaire Joël Groisne, chef du service de police judiciaire d’Aix-en-Provence et chargé de la circonscription de Vitrolles. «On est sur un total de 538 caméras volées, dont 400 rien que sur le port autonome de Marseille», poursuit le commissaire en évoquant l’enquête menée par le Groupe de lutte contre le trafic auto (GTA, en référence au célèbre jeu vidéo Grand Theft Auto ).
Rattachée au commissariat de Vitrolles, cette unité spécialement créée pour lutter contre les vols de véhicules et d’accessoires a été mise sur la piste des malfaiteurs dans la nuit du 12 au 13 novembre à l’occasion d’un dernier vol raté. «Un individu suspect avait été repéré à Vitrolles alors qu’il rôdait autour d’une concession Renault. En fait, il était parvenu à s’attaquer à des véhicules, démontant 19 caméras», se remémore Joël Groisne.
400 caméras volées sur le port de Marseille
Placé en garde à vue, l’homme est passé rapidement à table auprès des enquêteurs. Il a avoué être à l’origine du vol, prétendant être un sans domicile fixe déposé aux abords de la concession par un «ami» monté à bord d’une voiture de location. Cette dernière a été retrouvée à Marseille et mise sous surveillance par la brigade anticriminalité nord (Bac nord), qui est parvenue à «coincer» ce complice dans la foulée.
L’exploitation des téléphones du duo a permis aux policiers de l’unité GTA de relier les malfaiteurs à de nombreux faits de vol intervenus à Aubagne, Marseille et Vitrolles. Sollicitée, Renault a confirmé aux forces de l’ordre avoir été la cible de vols dans ces deux communes, 130 caméras ayant été mystérieusement dérobées. Mais le «gros» de ces vols a mené les forces de l’ordre tout droit vers le port autonome de Marseille, où plus d’1,5 million de conteneurs transitent chaque année.
«400 caméras appartenant à des voitures garées sur le port en attente d’export ont été dérobées par cet individu selon un mode opératoire identique», confirme le commissaire Groisne en mentionnant la revente de ces accessoires. «Ce sont des pièces très recherchées sur le marché de l’occasion, que l’auteur revendait à l’unité dans la rue pour une trentaine d’euros ou par lot à des garages peu regardants», souligne le policier.
Aujourd’hui, certains garages ont compris qu’ils avaient tout à leur disposition dans la rue
Joël Groisne, commissaire de police chargé de la circonscription de Vitrolles
Une aubaine pour ces garagistes peu scrupuleux, saisis par de nombreux clients pour remplacer ces caméras d’une valeur de revente qui avoisine les 200 euros. Le volume des vols d’accessoires aurait ainsi «explosé» depuis qu’une loi entrée en vigueur en 2019 oblige les professionnels de l’automobile à proposer des pièces d’occasion à leurs clients. «Aujourd’hui, certains garages ont compris qu’ils avaient tout à leur disposition dans la rue. De nombreux garages s’approvisionnent auprès du marché noir et procèdent même parfois à des vols sur commande afin d’acquérir ces pièces de manière frauduleuse», constate Joël Groisne.
Convoqué devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence il y a quelques jours dans le cadre d’une audience de comparution immédiate, le duo de malfaiteurs a finalement été condamné par la justice. Le principal suspect à une peine de 18 mois d’emprisonnement ferme, dont 3 mois avec sursis probatoire pendant 2 ans. Son complice qui le conduisait aux abords des concessions, a quant à lui été condamné à 6 mois de prison aménagés avec placement sous surveillance électronique.