«J’ai voulu prendre des cours d’informatique, mais sans smartphone, c’est impossible» : la galère de ces Français qui ne maîtrisent pas internet
Michel est contrarié. Ce retraité malouin doit prochainement se rendre à Rennes pour un rendez-vous médical. Problème, sa voiture est dépourvue de vignette Crit’Air, obligatoire depuis le 1er janvier pour circuler dans la capitale bretonne. «Je suis allé à la préfecture pour en obtenir une, raconte le septuagénaire, on m’a regardé comme une bête curieuse en m’expliquant que ça ne se commandait que sur internet. Mais moi, je n’ai ni ordinateur ni smartphone. Et je ne sais même pas m’en servir ! En insistant, j’ai fini par récupérer un formulaire papier que j’ai dû envoyer moi-même par courrier accompagné d’un chèque de 3,81 euros.»
Deux mois plus tard, Michel attend toujours son macaron et envisage de prendre le train pour honorer son rendez-vous : «Au moins, je peux acheter les billets de TER à la gare au guichet. Ce n’est pas comme pour les billets Ouigo qu’on ne peut acheter que sur internet. Pourtant, moi aussi j’aimerais profiter des tarifs les moins chers pour rendre visite à mes petits-enfants à Marseille…».
«Nous vous invitons à vous connecter sur notre site internet», répète le répondeur en boucle. Déclarer ses impôts en ligne, consulter le bulletin scolaire de son enfant, réserver un billet d’avion ou de train... Voilà qui, pour la plupart des Français, se résume à quelques clics. Mais qui, pour d’autres comme Michel, relève de la mission impossible. «Porteur de promesses d’amélioration de la qualité de vie, d’inclusion sociale, d’augmentation des connaissances et des capacités en chacun», comme le décrivait un rapport sénatorial publié en 2020, le développement du numérique est aussi, pour plus de 15% des Français, un facteur d’exclusion supplémentaire. Une exclusion qui devient rapidement un handicap majeur pour tous ceux qui, dans la «start-up nation», sont mis sur la touche.