Procès pour escroquerie : 4 questions pour comprendre l’affaire Michel Platini-Sepp Blatter

Après avoir été acquittés en première instance en 2022 dans une affaire d’escroquerie, Michel Platini, ancien président de l’UEFA, et son homologue à la FIFA, Sepp Blatter, sont de retour, ce lundi 3 mars, devant les tribunaux. Leur procès en appel s’ouvre ce lundi 3 mars et durera jusqu’au 25 mars, à Muttenz dans le canton de Bâle en Suisse.

Les deux hommes étaient acquittés, en juillet 2022 des chefs « d’escroquerie, gestion déloyale, abus de confiance et faux dans les titres ». Ils encouraient jusqu’à cinq ans de prison, et le parquet avait requis un an et huit mois de prison avec sursis. L’Humanité revient sur cette affaire en 4 questions.

De quoi sont accusés les deux hommes ?

Sepp Blatter et Michel Platini ont été poursuivis, à partir de novembre 2020, pour « escroquerie », « abus de confiance » et « gestion déloyale ». Cette procédure judiciaire fait suite à l’ouverture d’une procédure pénale par le parquet suisse, en septembre 2015, envers Sepp Blatter, pour « paiement déloyal ».

Cette accusation fait référence au paiement de deux millions de francs suisses (1,8 million d’euros) par Sepp Blatter en faveur de Michel Platini. Ce dernier avait adressé quinze jours plus tôt, au mois de janvier 2011, une facture pour « le paiement du salaire pour ces quatre années, qui avait été différé d’un commun accord ».

Michel Platini a travaillé de 1998 à 2002 comme « conseiller technique spécial » de Sepp Blatter, alors fraîchement élu à la présidence de la FIFA, qu’il a conservée jusqu’à sa démission en juin 2015. Pour cette tâche, dont la réalité n’est pas contestée, Michel Platini a perçu 300 000 francs suisses annuels sur la base d’un contrat signé.

Mais pour le parquet, les deux millions de francs suisses versés à Michel Platini ne s’appuient sur aucune justification écrite, puisque les sommes prévues par le contrat d’août 1999 avaient été intégralement réglées. La facture présentée par l’ex numéro 10 des Bleus et approuvée par Sepp Blatter a donc servi à « induire astucieusement en erreur » le directeur financier de la FIFA, ce qui caractérise l’escroquerie.

Quel intérêt aurait eu Blatter à régler la facture ?

Dans ces circonstances, pourquoi le Suisse aurait-il approuvé et mis à exécution le règlement, alors que les relations avec Platini s’étaient nettement distendues après la fin de leur collaboration ? En première instance, le procureur avait esquissé une hypothèse déjà envisagée par le Tribunal arbitral du sport (TAS) dans le volet disciplinaire. Le paiement aurait pu acheter la lettre de soutien de Platini et du comité exécutif de l’UEFA, le 6 mai 2011, à la réélection de Blatter quelques semaines plus tard à la tête de la FIFA.

Quelles ont été les sanctions disciplinaires à l’égard des accusés ?

Fin 2015, les deux accusés avaient été suspendus pour huit ans de « toute activité liée au football ». Même si cette suspension a ensuite été réduite à quatre ans, elle a empêché Michel Platini, alors à la tête de l’UEFA depuis 2007, de briguer la succession de Sepp Blatter à la FIFA, ouvrant la voie à l’élection de Gianni Infantino en février 2016.

Quelle version des faits livrent les deux hommes ?

De leur côté, Michel Platini et Sepp Blatter martèlent depuis le début de l’enquête qu’ils avaient passé un accord oral en 1998 – juridiquement valide bien que délicat à prouver – et convenu d’une rémunération annuelle d’un million de francs suisses pour le Français.

L’ancien chef du foot mondial Sepp Blatter a affirmé que les finances de la FIFA jusqu’en 2002 n’avaient pas
permis d’immédiatement payer la totalité de la somme. Ces déclarations ont cependant été contredites par un audit financier, selon l’Agence France-Presse. Cet élément devrait être discuté lors du procès qui s’ouvre ce lundi.

Pour justifier son erreur de calcul – si le salaire prévu était bien d’un million par an, Platini aurait dû réclamer un solde annuel de 700 000 francs, soit 2,8 millions au total, et non 2 millions -, l’ancien capitaine des Bleus dit s’être trompé sur ce qu’il avait déjà perçu.

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