Accord franco-britannique sur l'immigration : la maire de Calais se dit "très en colère" et dénonce une "absence de considération" pour les habitants du littoral

La maire de Calais, Natacha Bouchard, a fait part jeudi 10 juillet sur franceinfo de sa "colère" après l'accord franco-britannique d'échange de migrants, dénonçant une "absence de considération" pour les habitants et les élus du littoral de la Manche confrontés à une forte immigration. "J'ai l'impression, encore une fois, que c'est la France qui a tout donné aux Britanniques", explique Natacha Bouchard.

La France et le Royaume-Uni se sont mis d'accord jeudi sur un "projet pilote" d'échange de migrants, alors que les traversées de la Manche atteignent des chiffres record. Il prévoit le renvoi en France d'un migrant arrivant au Royaume-Uni par petit bateau, en échange de quoi Londres s'engage à accepter un migrant se trouvant en France et exprimant sa volonté, via une plateforme en ligne, de s'installer au Royaume-Uni et justifiant de liens avec ce pays.

"Je suis très en colère et abasourdie de voir qu'il n'y a aucune considération pour la maire que je suis, pour les maires de littoral et pour les habitants du littoral, a dit Natacha Bouchard sur franceinfo. Il n'y a eu aucune concertation sur ce sujet. On se rend compte que les élus nationaux s'en fichent complétement des élus locaux."

"On va devoir gérer les migrants que le gouvernement britannique aura choisi de renvoyer en France. Quand on dit en France, ce n'est pas à Paris, Marseille ou au Touquet, c'est à Calais, à Grande-Synthe et dans les collectivités déjà impactées."

Natacha Bouchard, maire de Calais

à franceinfo

"Notre problème reste entier"

"La problématique ne va pas être réglée par cette mesure", selon l'élue. "Nos craintes, c'est qu'on assiste à des allers-retours sur nos territoires, entre les migrants qui vont affluer par cette forme d'appel d'air. Les Britanniques vont choisir dans les populations migrantes qui les intéressent, et puis ils vont renvoyer en France d'autres migrants. Mais où ? Comment ? De quelle façon ? Comment ces personnes vont être gérées ? Dans quel lieu ?"

"Notre problème reste entier. Ce sont des personnes qui vont errer, qui vont être gérées par des passeurs, et qui de toute manière, refuseront toutes les aides légales", a-t-elle poursuivi, évoquant une "une population supplémentaire qui va venir troubler l'ordre public de l'ensemble des Calaisiennes et des Calaisiens".

Natacha Bouchard explique qu'elle a pu discuter, "dès ce jeudi soir", avec le ministre de l'Intérieur :"J'ai eu Bruno Retailleau dès ce soir pour lui faire part de mon mécontentement, pour lui expliquer qu'avec le collectif des maires du littoral, nous ne sommes pas favorables à cette proposition. Il m'a dit qu'il y aurait des discussions sur la faisabilité du dispositif. Faire des belles annonces, c'est bien, mais nous sommes des maires, des gens pragmatiques."