« Il n’y a aucune raison d’affaiblir ou d’éliminer les protections du droit d’auteur, qui a permis à l’Amérique de prospérer. » Plus de 400 personnalités du secteur culturel américain, dont des cinéastes, des écrivains, des acteurs et des musiciens, ont signé une lettre ouverte exhortant le bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison-Blanche à résister aux appels des entreprises d’IA à affaiblir la protection des droits d’auteur.
« Nous croyons fermement que le leadership mondial de l’Amérique en matière d’IA ne doit pas se faire au détriment de nos industries créatives », ont déclaré les centaines d’artistes dans leur lettre adressée à Donald Trump et publiée par le magazine Deadline . Parmi les signataires, figurent des personnalités de cinéma comme Guillermo del Toro, Ben Stiller, Mark Ruffalo, Cate Blanchett ou encore l’ex-Beatles Paul McCartney. Ce nouveau cri d’alerte du secteur culturel américain intervient alors que les poids lourds de la tech, Open AI et Google ont soumis la semaine dernière une liste de souhaits à Donald Trump visant à affaiblir la protection des droits d’auteur.
L’industrie américaine des arts et du divertissement soutient plus de 2,3 millions d’emplois américains
Extrait de la lettre ouverte adressée à Donald Trump.
Dès son investiture, le 47e président des États-Unis avait lancé un plan d’action pour renforcer la domination mondiale du pays en matière d’intelligence artificielle, abrogeant l’accord trouvé entre Joe Biden et les syndicats de Hollywood en 2023. Voyant une opportunité d’élargir leur empire, la startup derrière ChatGPT et Google ont proposé à Donald Trump des solutions pour contourner les règles de propriété intellectuelle, qui leur permettraient d’utiliser des œuvres protégées par le droit d’auteur sans obtenir d’autorisation ni indemniser les ayants droit.
Marquées depuis deux ans par la crainte de voir des professionnels du secteur culturel remplacés par des machines virtuelles, de nombreuses personnalités ont de nouveau rappelé l’importance de protéger les professionnels du secteur culturel. « L’industrie américaine des arts et du divertissement soutient plus de 2,3 millions d’emplois américains, avec plus de 229 milliards de dollars de salaires annuels, et constitue le fondement de l’influence démocratique et du soft power américain à l’étranger », soulignent-ils dans la lettre de 12 pages.
La lutte contre le concurrent DeepSeek
Ces arguments suffiront-ils à convaincre Donald Trump de se ranger du côté des artistes ? Les chances sont maigres. Le 47e président des États-Unis s’est toujours exprimé contre une régulation de l’intelligence artificielle. Dans son programme électoral, il avait défendu une politique beaucoup moins interventionniste que celle de son prédécesseur. Son objectif : effacer le concurrent DeepSeek, le ChatGPT chinois. C’est justement l’argument principal d’Open AI. Selon le journal Les Échos, l’entreprise qui revendique 400 millions d’utilisateurs hebdomadaires sur ChatGPT, rappelle qu’à travers les différents États, plus de 781 projets de loi pour réguler l’intelligence artificielle ont été présentés depuis le début de l’année. « Cette mosaïque de régulation risque d’entraver l’innovation et, dans le cas de l’IA, de saper la position de leader des États-Unis », souligne-t-elle dans sa liste de proposition.
Pour les plus de 400 signataires, l’enjeu dépasse largement le secteur du divertissement : « Ne vous y trompez pas (...). Elles ne menacent pas seulement les films, les livres et la musique, mais aussi le travail de tous les écrivains, éditeurs, photographes, scientifiques, architectes, ingénieurs, designers, médecins, développeurs de logiciels et de tous les autres professionnels qui travaillent avec des ordinateurs et génèrent de la propriété intellectuelle. »