Une mosquée installée au pied d’un immeuble de la cité des Moulins à Nice (Alpes-Maritimes) est en voie d’expulsion depuis 2020 mais le dialogue a été rétabli, jeudi, entre le bailleur et l’association du culte musulman pour trouver une solution d’apaisement. La disparition de cette salle de prière dans ce quartier prioritaire de l’ouest de la ville avait inquiété les nombreux pratiquants des environs, au point qu’une pétition pour s’opposer à sa fermeture a recueilli plus de 3000 signatures en quelques jours.
«Ce lieu de culte est vital pour les fidèles de tout âge dans un quartier difficile», avance l’initiateur de cette pétition en ligne, évoquant une «injustice». «Si jamais ils ferment cette mosquée, le quartier va s’embraser, cela serait vu comme une attaque de la ville et du bailleur contre les musulmans», prévenait un autre habitant joint par Le Figaro. Entre le maire Christian Estrosi (Horizons) et la communauté musulmane, importante à Nice, les relations s’étaient déjà crispées en avril au moment de la célébration de la fin du ramadan.
Depuis plus de 20 ans, un contrat lie Côte d’Azur Habitat, le principal bailleur du département, et l’Organisation des musulmans de la Côte d’Azur (Omca), pour la location d’un espace de 300 mètres carrés avec un extérieur, en bas d’un bâtiment au cœur du quartier réputé sensible des Moulins. Selon l’association, la salle est fréquentée par une centaine de fidèles lors de chaque prière, et celle du vendredi peut regrouper jusqu’à 300 personnes dans cet espace.
Manquements
Mais en 2020, Côte d’Azur Habitat, présidé par Anthony Borré, également premier adjoint à la mairie de Nice, a décidé de ne pas renouveler le bail de ce local en raison de plusieurs manquements constatés. Une extension avait été construite sans autorisation et la capacité du lieu, estimé à 100 personnes maximum, n’était pas respectée selon les services de la ville. «La commission de sécurité a donné depuis plusieurs années des avis défavorables à la poursuite de l’activité relayée aussi par la préfecture», a précisé la municipalité, rappelant qu’une assignation de quitter les lieux avait été notifiée dès mars 2021.
L’association azuréenne du culte musulman avait contesté en justice cette résiliation du bail et cette demande de départ, ce qui lui permettait de garder provisoirement la salle. Par deux fois, et en quatre ans de procédures, elle n’a pas obtenu gain de cause, la rendant expulsable dès le 6 novembre après la décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence.
«Proposition de maintien»
Plutôt que de solliciter le concours de la force publique auprès du préfet pour faire appliquer cette décision de justice, le bailleur Côte d’Azur Habitat a décidé de rouvrir la discussion avec l’Organisation des musulmans de la Côte d’Azur. «Nous avons eu une réunion productive avec notre bailleur, qui a ouvert des perspectives positives pour l’avenir de notre mosquée», a indiqué Zoubir Zehioua, l’imam et président de l’association. «Le dialogue a été apaisé», a confirmé Anthony Borré. «Ma proposition repose sur le principe du maintien d’un lieu de culte dans le quartier en respectant les règles de sécurité et les valeurs de la République», a-t-il ajouté.
«Il est essentiel que nous conservions notre local», insiste Zoubir Zehioua. Une autre petite salle de prière existe mais celle-ci ne serait pas suffisante pour accueillir les nombreux pratiquants du quartier, fait savoir un autre membre de la direction. L’association musulmane devait organiser une conférence de presse, vendredi, mais elle a décidé de la reporter «afin de respecter les discussions en cours et d’attendre les prochaines étapes officielles».