« Pour construire la paix, reconnaissez l’État de Palestine » : l’appel des « Elders » à Emmanuel Macron, Mark Carney et Keir Starmer
Les Elders ont adressé une lettre ouverte aux dirigeants du Canada, de la France et du Royaume-Uni pour les exhorter à respecter leur engagement déclaré de reconnaître l’État de Palestine sans condition ni délai.
Monsieur le président Macron, Monsieur le premier ministre Carney, Monsieur le premier ministre Starmer
Nous vous exhortons à reconnaître dès maintenant l’État de Palestine, étape essentielle et transformatrice sur le chemin de la paix.
Nous saluons votre déclaration commune du 19 mai, dans laquelle vous vous êtes engagés à reconnaître un État palestinien afin de contribuer à la mise en place d’une solution à deux États. Il est temps de tenir cet engagement lors de la conférence organisée la semaine prochaine par la France et l’Arabie saoudite à New York.
Depuis la création des Elders par Nelson Mandela en 2007, nous avons toujours appelé à une solution durable à deux États au conflit israélo-palestinien. Seule une telle solution peut mettre fin de manière permanente à l’occupation illégale par Israël et permettre aux deux peuples de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité.
La reconnaissance de l’État palestinien est le début, et non la fin, d’un processus politique vers une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.
La reconnaissance ne doit pas être liée aux négociations entre les parties au conflit. Israël n’a pas le droit de s’opposer à l’autodétermination ou à l’État palestinien.
La reconnaissance ne doit pas non plus être liée à la réforme de la gouvernance ou à la forme que prendra un État palestinien souverain et unifié. Il s’agit là de questions distinctes de la question de l’État palestinien.
La question de savoir quand et comment le Hamas devra désarmer ou être désarmé devra finalement être abordée dans le cadre d’un règlement politique durable qui garantisse la sécurité mutuelle des Palestiniens et des Israéliens.
La question de la création d’un État palestinien prime sur ces questions. Il s’agit d’une question de principe, de justice et de démonstration d’un engagement réel en faveur d’une solution à deux États fondée sur le droit à l’autodétermination des deux peuples.
L’adhésion de vos trois pays aux 147 États membres de l’ONU qui ont déjà reconnu la Palestine contribuera à ouvrir des perspectives politiques et à instaurer une certaine parité entre les parties. Ces deux éléments sont indispensables dans un conflit caractérisé par l’asymétrie entre l’État d’Israël et un peuple palestinien apatride vivant sous une occupation illégale.
Tout comme vous, nous voulons voir Israël vivre en paix et en sécurité sur la base d’une reconnaissance mutuelle avec la Palestine ainsi qu’avec les autres États arabes et au-delà. Mais poursuivre la normalisation des relations entre Israël et les États arabes sans mettre fin à l’occupation israélienne et sans réaliser un État palestinien pleinement souverain ne fera que semer les graines d’un futur conflit.
Le gouvernement du premier ministre Netanyahou affiche ouvertement son intention d’empêcher la création d’un État palestinien. Il accélère l’annexion de la Cisjordanie, notamment en approuvant récemment 22 nouvelles colonies illégales. En cette période dangereuse, votre reconnaissance de l’État de Palestine enverrait un signal clair que l’objectif d’un « Grand Israël » ne sera jamais accepté par la communauté internationale. Nous vous exhortons à vous joindre aux nombreux Israéliens qui comprennent que leur propre sécurité dépend de la sécurité et de l’autodétermination des Palestiniens, et qui s’opposent à la stratégie actuelle de leur gouvernement.
La reconnaissance de la Palestine ne suffira pas à mettre fin aux terribles souffrances humaines des Palestiniens à Gaza ni à résoudre le conflit. Pour être transformatrice, la reconnaissance doit s’accompagner de « mesures concrètes », comme vous l’avez promis dans votre déclaration du 19 mai.
Ces mesures doivent mettre fin à l’impunité dont bénéficie l’actuel gouvernement israélien et contraindre les parties au conflit qui font obstacle à la paix à changer de cap. Elles devraient commencer par des sanctions ciblées contre les dirigeants israéliens responsables des politiques de famine comme arme de guerre, des déplacements massifs et des attaques militaires aveugles à Gaza, ainsi que de l’expansion illégale des colonies et de l’annexion de la Cisjordanie.
Un cessez-le-feu immédiat à Gaza et un accès humanitaire complet pour les agences des Nations unies restent impératifs. Nous avons toujours condamné le Hamas pour ses attaques contre des civils israéliens et la détention illégale d’otages israéliens, qui doivent tous être libérés sans condition, tout comme les Palestiniens détenus arbitrairement.
Nous vivons une période désespérée et douloureuse qui exige des mesures décisives et un courage moral. Nous comptons sur votre leadership pour que des progrès puissent être accomplis vers une paix durable et une sécurité mutuelle pour les Palestiniens et les Israéliens.
Les Elders
Juan Manuel Santos, ancien président de la Colombie, lauréat du prix Nobel de la paix et président des Elders
Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies et vice-président des Elders
Graça Machel, fondatrice du Graça Machel Trust, cofondatrice et vice-présidente des Elders
Gro Harlem Brundtland, ancienne Première ministre de Norvège et ancienne directrice générale de l’OMS
Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande et ancienne directrice du Programme des Nations unies pour le développement
Elbegdorj Tsakhia, ancien président et Premier ministre de Mongolie
Zeid Ra’ad Al Hussein, ancien Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme
Hina Jilani, avocate à la Cour suprême du Pakistan et coprésidente du groupe de travail sur la justice
Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Libéria et lauréate du prix Nobel de la paix
Denis Mukwege, médecin et défenseur des droits humains, lauréat du prix Nobel de la paix
Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
Ernesto Zedillo, ancien président du Mexique
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