Face au Venezuela, le président du Guyana réaffirme son "droit" à exploiter l'Essequibo

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Le président guyanien Irfaan Ali a réaffirmé jeudi 14 décembre, lors de la réunion de crise avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro à propos du différend territorial autour de l'Essequibo, que son pays avait "tout le droit" d'exploiter son "espace souverain".

L'objectif de cette réunion sur l'archipel caribéen de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, président tournant de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), était de faire baisser la tension. Les deux chefs d'État ont échangé des poignées de main au début et à la fin d'une première réunion de deux heures.

La tension monte depuis le lancement en septembre d'appels d'offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l'Essequibo, territoire de 160 000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par Caracas. 

"Le Guyana n'est pas l'agresseur"

"Le Guyana a tout le droit (...) de faciliter tout investissement, tout partenariat (....), de délivrer toute licence, d'octroyer toute concession dans notre espace souverain", a déclaré à la presse le président Ali.

"Le Guyana n'est pas l'agresseur, le Guyana ne cherche pas la guerre, mais le Guyana se réserve le droit de travailler avec tous ses partenaires pour assurer la défense de notre pays. Tous nos partenariats sont fondés sur la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté", a-t-il aussi lancé, alors que Caracas a accusé à maintes reprises le Guyana d'être aux ordres des États-Unis et de la compagnie pétrolière ExxonMobil.

Le président guyanien a aussi répété son leitmotiv depuis le début de la crise : "L'affaire doit se régler devant la Cour internationale de justice" (CIJ) de La Haye, la plus haute juridiction de l'ONU. 

Le président Maduro ne s'est pas exprimé dans l'immédiat mais il avait affirmé à son arrivée : "Je suis venu chercher des solutions efficaces par la seule voie qui existe, celle du dialogue et de la négociation". "Je viens avec un mandat du peuple vénézuélien, avec une parole de dialogue, avec une parole de paix, mais pour défendre nos droits", avait-il ajouté.

Caracas ne reconnaît pas la compétence la CIJ. Cette non-reconnaissance était une des cinq questions que le pouvoir avait fait figurer dans le référendum. Plus de 95 % des Vénézuéliens, selon les résultats contestés du scrutin, ont soutenu cette position.

"Désamorcer les tensions"

Plusieurs observateurs estiment que la rencontre, organisée sous l'égide de la Celac et de la Communauté des Caraïbes (Caricom), ne devrait pas déboucher sur de grandes décisions. 

Sadio Garavini di Turno, ancien ambassadeur vénézuélien au Guyana, a dit à l'AFP s'attendre au mieux à un communiqué commun dans lequel les deux parties s'engageraient à "poursuivre les discussions pour désamorcer les tensions".

Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Caracas estime que l'accord de Genève signé en 1966 - avant l'indépendance du Guyana - jette les bases d'un règlement négocié qui doit se poursuivre.

Le Guyana estime que la frontière entre les deux pays date de l'époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d'arbitrage à Paris. C'est cette frontière qui est en vigueur. Quelque 125 000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans ce territoire couvrant les deux tiers de sa superficie.

Exercices aériens américains

Lundi, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Yvan Gil avait évoqué d'éventuelles "formules" de "coopération en matière de pétrole et de gaz" et souligné que le Venezuela a travaillé "avec tous les gouvernements du Guyana jusqu'en 2015", année de la découverte par le géant américain ExxonMobil de vastes gisements de pétrole dans le territoire.

Le Brésil a renforcé sa présence militaire à ses frontières avec les deux pays et exhorté samedi Nicolas Maduro à s'abstenir de "mesures unilatérales". Celso Amorim, un conseiller du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, participait à la réunion. 

Les États-Unis ont affirmé leur "soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana". Des exercices aériens ont été menés la semaine dernière. Nicolas Maduro avait dit espérer également débattre des "menaces" liées à "l'implication du Commandement Sud des États-Unis, qui a commencé ses opérations dans le territoire".

Avec AFP

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