«Pas de trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes». Au 47e jour du procès de l’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec pour des viols et agressions sexuelles sur 299 personnes, essentiellement des patients mineurs, une psychiatre est venue confirmer par cette formule rituelle que le septuagénaire était «totalement» responsable de ses actes. Et donc pleinement accessible à une sanction pénale, qui ne manquera pas d’être prononcée à son encontre dans les prochaines semaines. «La pédophilie n’est pas une maladie en tant que telle. Joël Le Scouarnec n’est pas malade», a insisté l’experte.
Devant la cour criminelle départementale du Morbihan, qui juge Joël Le Scouarnec depuis fin février, cette psychiatre ainsi qu’un de ses confrères se sont par ailleurs montrés pessimistes quant à l’avenir. «Il n’y a pas de guérison en tant que telle, pas de médicaments, de prise en charge psychothérapeutique qui feront que le sujet ne sera plus pédophile. Il faudra toujours rester vigilant, insiste la médecin. Nous n’avons pas de boule de cristal, personne ne peut dire s’il passera à nouveau à l’acte. Mais sur ces profils-là, la probabilité est très importante. Les événements de cette nature incitent à une grande, grande prudence. La dangerosité criminologique [de Joël Le Scouarnec] reste très importante. C’est un profil très inquiétant.»
À la barre, les deux psychiatres, qui ont rencontré Joël Le Scouarnec le 1er mars 2023 à la prison de Lorient-Ploemeur, ont décrit le discours «froid, dénué d’émotion, mettant mal à l’aise son interlocuteur» de l’accusé. Leur entretien a laissé les deux experts «sur leur faim». «Il n’était pas non-coopérant, ni désagréable, ni hostile. Mais il était dans une espèce de résistance. Il n’y avait pas de spontanéité dans son discours, on sentait une certaine retenue, comme s’il pesait tous ses mots. Il n’y a pas eu une séquence où il s’est lâché. Nous percevions son désir de contrôle», souligne la médecin. Les deux experts insistent en particulier sur «l’extrême décalage entre la pauvreté de l’expression» de Joël Le Scouarnec lors de cet entretien et «la richesse des carnets» dans lesquels il décrivait, avec force détails, les abus auxquels il se livrait.
Le verdict attendu les 27 ou 28 mai
Un psychologue ayant lui aussi examiné le septuagénaire sera à son tour entendu par la juridiction demain. Puis la cour criminelle départementale du Morbihan se penchera sur les faits commis à Ancenis et à Jonzac. La journée du 19 mai, très attendue, sera quant à elle consacrée la question de l’absence de sanctions disciplinaires prononcées à l’encontre de l’accusé malgré sa condamnation en 2005 pour détention d’images pédopornographiques.
Après l’interrogatoire récapitulatif de Joël Le Scouarnec prévu le 20 mai commenceront les plaidoiries des nombreux avocats de partie civile. Les réquisitions du ministère public sont attendues le 23 mai, les plaidoiries de la défense et les derniers mots de l’accusé le 26 mai. Le verdict devrait être prononcé le 27 ou le 28 mai. Déjà condamné à quinze ans de réclusion en 2020 par la cour d’assises de Charente-Maritime, Joël Le Scouarnec encourt vingt années de réclusion criminelle.