Top 14 : «On pensait que l’UBB n’en était plus là», peste Jefferson Poirot après la défaite au Racing 92

Quels sentiments prédominent ? Le fait d’être passé totalement à côté une bonne partie du match ou d’avoir eu une réaction ? 
Jefferson Poirot : La réaction, malgré tout, on ne peut pas la prendre en compte. On est tellement sous l’eau pendant 50 minutes qu’on part de trop loin. La réaction est top. Il faut construire là-dessus sur les prochaines semaines. Mais notre début de match est trop mauvais pour pouvoir exister sur un match de ce niveau.

Comment expliquer cette entame ratée ? 
Je ne sais pas, on prend deux premiers essais faciles, un peu «casquette». Cela nous met un gros coup sur la tête et on n’arrive pas à repartir. On arrive à refaire une bonne séquence, à remarquer trois points, mais derrière, on reprend un essai facilement. En fait, c’est la facilité avec laquelle on a pris ces essais qui est assez incroyable… Il y a un ballon qu’on est en mesure de contrer mais il nous passe à travers dans la touche. Deux coups de pied par-dessus où il y a le rebond… Donc ça, c’est problématique. Du coup, ça nous met deux ou trois coups de massue. Et on n’arrive pas à se relever assez rapidement.

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Qu’est-ce que vous vous êtes dit à la mi-temps ? 
Qu’on ne pouvait pas faire pire. Il fallait repartir comme si c’était un match à 0-0 et commencer à proposer quelque chose, parce que jusque-là, on n’était même pas sortis du vestiaire. C’est ce qu’on se dit, essayer de reconstruire.

C’est dommage, au niveau où est le club aujourd’hui, dans la construction du club, de devoir encore avoir un accident comme ça

Est-ce que vous aviez besoin d’être secoués ? 
Je pense que non. Quand on rentre, je pense qu’on est déjà assez vexé. On sait ce qu’on a fait. Concrètement, on sait que cette mi-temps est affreuse. Et on repart, il n’y avait pas besoin de forcément être secoués plus que ça pour savoir que quand tu es professionnel, tu dois te montrer un autre visage.

Les trois premiers essais du Racing partent de trois pertes de balles…
Le Racing a super bien joué les coups. Chaque fois, on a perdu les ballons dans les 22 m et on s’est retrouvés dans notre camp. Je crois qu’il y a aussi un essai qui provient d’un de nos coups d’envoi. On se fait déchirer, on passe à côté sur des choses simples.

Il y a cette réaction sur la seconde période. Il y a moyen quand même de s’appuyer sur ça ? 
Oui, il y a moyen de s’appuyer sur ça. Mais aujourd’hui, on pensait qu’on n’en était plus là. C’est vrai que ce sont des choses qui ont pu arriver par le passé. C’est dommage, au niveau où est le club aujourd’hui, dans la construction du club, de devoir encore avoir un accident comme ça, pour se dire qu’on va repartir, qu’on va construire là-dessus. On pensait qu’on n’en était plus là. Force est de constater qu’on en est encore là. Il y a encore beaucoup de travail.

Cette bonne claque peut vous remuer… 
C’est obligatoire que ça nous remue. Nous, les joueurs, on doit prendre nos responsabilités. Il y a forcément quelque chose qu’on ne fait pas bien, qu’on n’a pas bien fait cette semaine, qu’on n’a pas bien fait dans l’approche du match. Il y a beaucoup de choses à revoir de notre côté. La responsabilité est vraiment sur nous, les joueurs. On va analyser tout ça. Comme ça a été le cas les saisons passées, on va resserrer, être un peu moins rigolo dans la préparation. On va peut-être être un peu plus sérieux, notamment quand il manque beaucoup de joueurs importants. Il faut réussir à se resserrer vraiment et à faire des performances du niveau du club.

Dans le match, c’est le côté leadership qui nous manque un petit peu. Tu as beaucoup de leaders qui sont sur le carreau Passer la publicité

Vous avez aujourd’hui un statut et des ambitions qui vous interdisent ce genre de légèreté ? 
Complètement, c’est exactement ça. C’est pour ça que le plus décevant, c’est de se dire que, finalement, on en a encore là…

Vous avez repris le 6 août. Est-ce que ce court temps de préparation explique cette absence en première mi-temps ? 
Je n’y crois pas trop parce que quand on s’y met, on est capable. C’est toujours pareil. Si on fait un non-match et que pendant 80 minutes, on est complètement absent, bon voilà… Autant sur le premier match (victoire contre La Rochelle), sur les vingt premières minutes, on est un peu dans le jus après trois semaines d’écart de préparation, pas de problème… Aujourd’hui, on était assez prévenus. Le Racing avait fait une contre-performance (à Lyon), notamment dans l’engagement. Donc on savait très bien qu’en venant ici, l’engagement, c’était numéro un. On ne peut pas se cacher derrière ces trois semaines de préparation d’écart. Sinon, on est une petite équipe et on n’a pas envie d’être une petite équipe.

On imagine que toutes ces absences vous ont fortement perturbés… 
Dans le match, c’est le côté leadership qui nous manque un petit peu. Tu as beaucoup de leaders qui sont sur le carreau. Par le passé, ça nous est déjà arrivé de prendre un ou deux essais, tu sentais une certaine rébellion. On était plusieurs à accentuer cette rébellion. Là, tu sentais que tu avais beau dire ce que tu voulais, c’était compliqué. Quand il te manque Max Lucu, Matthieu Jalibert, Yoram Moefana… C’est compliqué. Quand tu prends deux coups sur la tête comme ça, ça ne nous empêche pas de jouer au rugby parce qu’on l’a montré sur la deuxième mi-temps qu’on est capable de le faire. Mais quand tu prends des coups de massue consécutifs et que tu enchaînes ces erreurs, c’est compliqué dans ces moments-là. Après, ce n’est pas forcément une excuse. Avec la profondeur d’effectif que l’on a, la qualité des joueurs que l’on a, le club ne doit pas en être là aujourd’hui.