Top 14 : Urios et les supporters clermontois, la réponse pas «réchauffée» du Figaro

À la suite de l’article du Figaro publié jeudi et intitulé «Série de défaites, jeu stérile, manque de puissance... Clermont dévisse dangereusement», le manager de l’ASM, Christophe Urios, a déclaré en conférence de presse ce vendredi : «Je veux rebondir sur un truc, qui me semble important de préciser parce que je veux bien tout accepter, mais je ne veux pas que l’on colporte des choses que je n’ai pas dites. Il y a eu un article dans le Figaro, vieux de 4 mois (3 en réalité, le 18 décembre dernier, NDLR) où je dis qu’il y a des lâches, que ci, que là… C’était très ciblé sur une personne en particulier qui a craché sur moi sur les réseaux sociaux, mais c’était il y a 4 ou 5 mois ! Je n’ai jamais dit cela aujourd’hui.» Une déclaration qui a carrément été reprise dans un communiqué du club.

Comme indiqué, l’article reprenait une citation que le technicien nous avait déclaré récemment, mi-décembre, dans une longue interview et que nous republions ici dans son intégralité avec la question :

Le Figaro : Vous vous êtes senti bien accueilli à Clermont ?
Christophe Urios : «Non, ce n’était pas évident. J’ai lu dans la presse, quand je suis arrivé, que certains joueurs étaient contre le départ de Jono Gibbes. Ils ne voulaient pas être dérangés… Quand tu dis aux gens la vérité qui a longtemps été cachée, ça ne fait pas plaisir. Après, tu peux t’épancher sur les réseaux sociaux, comme certains l’ont fait, et faire des pétitions, comme quand j’ai prolongé. Mais ce sont des lâches, c’est un peu le problème de notre société. C’est mon travail qui va faire taire les gens, je n’ai rien à dire à ces lâches. La seule chose qui vaille, c’est mon travail et les résultats.»

Et d’ajouter : «J’ai tellement entendu : "Est-ce que sa personnalité va coller avec l’ASM et le groupe Michelin ?" Mais le groupe Michelin veut gagner. Et tu ne gagnes pas quand il y a des mecs à l’eau tiède. En tout cas, ce n’est pas ma vision du rugby professionnel. Oui, j’ai du tempérament et du caractère. Après Bordeaux, cela a été dur pour moi, parce que j’ai été viré rapidement, même après de bons résultats, tu perds un peu confiance. Mais aujourd’hui, je me sens très à l’aise. Et j’adore le fait que ce club se soit remis en mouvement. Et ce club, avec ou sans Christophe Urios, va regagner. On remet des bases solides.

L’ancien entraîneur d’Oyonnax, Castres et Bordeaux-Bègles faisait référence à une pétition qui avait circulé l’an dernier et dont Le Figaro s’était fait écho. Cet article - intitulé «On ne peut pas gérer un club comme une usine», la colère et l’inquiétude des supporters de Clermont» - avait, à l’époque, passablement énervé le club. Et surtout son responsable presse. Un supporter, qui témoignait anonymement, y critiquait, entre autres, Christophe Urios, «un court-termiste qui veut gagner vite coûte que coûte». Était notamment pointée du doigt sa frilosité pour lancer les jeunes : «Il y a plein d’exemples dans sa carrière de manager. Il n’avait pas fait confiance à Antoine Dupont à Castres, il n’avait pas fait jouer Yoan Tanga au CO. Et il a été réticent pour lancer Bielle-Biarrey et Depoortère à l’UBB.» 

La citation utilisée dans l’article de jeudi («réchauffée» selon son attaché de presse) rappelait que l’accueil qu’a reçu Christophe Urios à Clermont n’a jamais été chaleureux. Quelques minutes passées sur les forums de supporters clermontois - ou un simple coup d’œil aux réactions sous le tweet publié par l’ASM - montrent que les choses ne sont pas améliorées. À l’époque de l’interview, l’ASM était 3e au classement, elle est désormais 9e et les phases finales s’éloignent après cinq revers de rang en Top 14. Pas sûr qu’il y ait du mieux...

Traditionnel contre-feu pour masquer une situation sportive dans l’impasse

Mais le manager clermontois avance que «les supporters sont au cœur du projet et je veux qu’ils soient au cœur du projet. Jamais de ma vie je n’ai fonctionné comme ça jamais ! Tous les mois, nous avons des rassemblements avec eux, tous les mois, ils rencontrent des joueurs blessés, des personnes du staff, personne ne le fait. Je ne le fais pas pour m’amuser. Je le fais parce que j’y crois.» D’aucuns diront qu’il s’agit d’une opération de communication pour avoir la paix. Des articles ont d’ailleurs été publiés pour relater ces échanges avec les supporters, en présence de journalistes triés sur le volet.

Et le technicien de poursuivre : «Quand j’entends dire que je traite, moi, nos supporters de lâches, franchement c’est impensable ! Les supporters sont au cœur du projet, ils sont sûrement, aujourd’hui dans le projet sportif, les meilleurs ! Bien meilleurs que nous donc entendre dire ça : c’est pas bien… mais j’aurai le temps de régler les choses !» C’est noté. Mais il faudrait d’abord régler les problèmes d’une équipe en pleine dégringolade, avant d’utiliser la vieille ficelle populiste de rendre les médias responsables. Traditionnel contre-feu pour masquer une situation sportive dans l’impasse. Chacun son métier, les vaches seront bien gardées.