États-Unis : des organisations évangéliques demandent à Trump d’épargner les programmes de lutte contre le VIH

États-Unis : des organisations évangéliques demandent à Trump d’épargner les programmes de lutte contre le VIH

Le Plan présidentiel d’urgence pour la lutte contre le sida - abrégé PEPFAR - est quasiment au point mort, déplorent les groupes évangéliques. (Image d’illustration). PHILL MAGAKOE / AFP

Lancé en 2003, le «plan présidentiel d’urgence pour la lutte contre le sida» dépend en grande partie du soutien logistique de l’USAID, «dont la plupart des projets ont été annulés» depuis l’annonce des coupes budgétaires.

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Les programmes de lutte contre le VIH, menacés ? Le 26 février dernier, l’administration Trump annonçait la suppression de plus de 90% des financements à l’étranger par l’USAID - Agence américaine pour le développement international. Depuis cette déclaration, de vives inquiétudes parcourent le continent outre-Atlantique, si bien que de nombreuses organisations interpellent le président américain. Dans le lot, plusieurs groupes évangéliques ont exhorté le chef d’État à «épargner le programme de lutte contre le VIH» de ces coupes budgétaires, a rapporté le journal The Guardian . Lors de la création de ce programme il y a plus de vingt ans, plusieurs groupes évangéliques avaient en effet contribué à son élaboration.

Lancé en 2003 par le président George W. Bush, le «plan présidentiel d’urgence pour la lutte contre le sida» - abrégé PEPFAR - dépend en grande partie du soutien logistique de l’USAID, «dont la plupart des projets ont été annulés». Pour Galen Carey, vice-président des relations gouvernementales à l’Association nationale des évangéliques (NAE), cette annonce est une douche froide : «le PEPFAR a été un programme très populaire». Et pour cause : plus de 20 millions de personnes en dépendent, notamment en Afrique. «Nous encourageons l’administration à remettre le programme à plein régime dès que possible », ajoute Galen Carey.

Un programme «pro-vie»

De nombreuses organisations évangéliques ont soutenu Donald Trump lors des dernières élections - notamment en raison de sa politique d’avortement. Le silence de quelques-uns de ces groupes à l’annonce des coupes budgétaires a d’ailleurs été pointé du doigt. Pour autant, la plupart des organisations évangéliques n’ont pas hésité cette fois-ci à faire pression sur le président américain, dénonçant la fin d’un programme «pro-vie» : «lorsqu’une personne est mise sous traitement antirétroviral, elle peut littéralement revenir à la vie», explique Emily Chambers Sharpe, directrice de la santé chez World Relief - branche humanitaire de l’Association nationale des évangéliques -, avant de poursuivre : «ce traitement permet même d’empêcher la propagation du virus».

Les organisations chrétiennes américaines déplorent ainsi une distribution de médicaments «quasiment au point mort» depuis l’annonce de la réduction d’aides : « la chaîne d’approvisionnement du VIH dans son ensemble a été très gravement endommagée », a ajouté Emily Chambers Sharpes, en contact avec les centres de santé implantés en Afrique.

Une dépendance au programme américain «quasi-totale»

Au Nigeria, le programme américain couvre «la quasi-totalité des financements de la lutte contre le VIH». Du reste, si d’autres pays sont «moins dépendants» du programme américain, le «PEPFAR» demeure un soutien pour le maintien des infrastructures de santé, qui emploient fréquemment «du personnel médical, qui traite d’autres pathologies dans le cadre du programme plus vaste de lutte contre le sida», explique le journal.

Sur le terrain, des membres des groupes évangéliques constatent les conséquences de la suppression des aides : «dans certains endroits, les médicaments ne sont pas disponibles ou on leur demande de les payer comptant», déplore Matthew Loftus, médecin et chrétien évangélique en poste au Kenya. Le professionnel est pessimiste quant à l’arrêt des traitements : «J’ai vraiment peur que, lorsqu’on essaiera de les reprendre, on découvre qu’ils [les patients] sont résistants».

Depuis son lancement, plus de 25 millions de décès prématurés ont été évités. Pour les groupes évangéliques, épargner le «PEPFAR» des coupes budgétaires serait l’assurance d’autres vies sauvées.