François Hollande n’est pas du genre à montrer des signes d’agacement face aux journalistes, même lorsqu’il est mis en difficulté. Une séquence, diffusée ce jeudi soir sur France 2, vient pourtant nuancer cette perception. Interrogé dans le cadre de l’émission «Complément d’enquête», qui consacre un épisode sur l’efficacité de la politique de l’offre qu’il avait engagée dans la seconde partie de son quinquennat (2012-2017), à la faveur du tournant social-démocrate en 2014, l’ancien président de la République semble rapidement perdre patience face à l’insistance de la journaliste.
Notamment lorsqu’elle le questionne sur le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), une mesure destinée à réduire le coût du travail pour les bas et moyens salaires, en permettant aux entreprises de déduire de leurs impôts une partie de leur masse salariale, afin de renforcer leur compétitivité. En contrepartie, celles-ci étaient censées investir et créer des emplois. Or, cet élément reste un sujet de débat pour certains économistes et de crispation pour les oppositions, une partie de la gauche y voyant un cadeau fait aux patrons, sans véritable contrôle des contreparties ni impact réel sur le chômage.
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Passer la publicitéDans un extrait diffusé ce jeudi sur les réseaux sociaux de «Complément d’enquête», François Hollande est immédiatement confronté au bilan du CICE, crédité de 100.000 créations d’emplois. «C’est déjà assez significatif... mais ça en a créé beaucoup», réplique le député PS de Corrèze. Son interlocutrice n’en démord pas : chiffres à l’appui, elle souligne que le coût du mécanisme pour les finances publiques - 100 milliards d’euros - paraît disproportionné au regard des résultats.
Pas de quoi désarçonner l’ex-chef de l’État, qui défend mordicus sa mesure : «S’il n’y avait pas eu le CICE, non seulement, il n’y aurait pas eu les 100.000 emplois, mais il y aurait eu des pertes d’emplois beaucoup plus considérables», affirme le successeur de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, appelant à juger moins le nombre d’emplois créés que la situation du chômage telle qu’elle aurait évolué sans ce levier fiscal.
Tandis que la journaliste lui rétorque que ces estimations, jugées «sérieuses» proviennent de «France Stratégie», un organisme rattaché à Matignon, François Hollande choisit soudain de mettre un terme à l’interview. «Non, on va arrêter parce que... Ça n’a pas d’intérêt pour moi très franchement», lance-t-il en se levant de sa chaise. «Je ne suis pas là pour répondre à un interrogatoire», poursuit-il, alors que la caméra enregistre toujours la scène. La journaliste a beau insister, l’ancien président fait la sourde oreille et lui tend un rapport énigmatique. «On va en rester là parce que là je pense qu’on n’est pas dans le bon dialogue», conclut-il... avant de revenir finalement s’asseoir pour évoquer le cas de l’entreprise Michelin.