REPORTAGE. "Il ne faut pas s'attendre à avoir des réponses tout de suite" : le mois d'août, une période creuse redoutée par les demandeurs d’emploi

Alors que l'Insee publie vendredi 8 août le taux de chômage au 2e trimestre 2025, l'été rime souvent avec anxiété pour les chômeurs. Les recruteurs partant en vacances, de nombreuses entreprises ferment et donc les offres se font rares. En août, France Travail enregistre généralement 27% d'offres d'emploi en moins par rapport aux mois précédents. Ces difficultés pèsent lourd sur le moral des demandeurs d'emploi rencontrés par franceinfo.

Comme tous les jours depuis trois mois, Anne a les yeux rivés sur ses mails. Mais depuis quelques semaines, les alertes d'offre d'emploi dans les ressources humaines se font rares. "Cinq offres" ont été "publiées ce matin", mais à y regarder de plus près, "celle-là, elle y était déjà", observe-t-elle. "Celle-ci aussi. En fait, ce sont des anciennes annonces qui vont tourner tout l'été."

L'angoisse des candidatures sans réponse

À chaque candidature, les délais de réponse s'allongent parce que "les gens qui traitent les annonces partent en vacances. Quelque chose qui pourrait réagir en quinze jours en temps normal va mettre un mois. Il ne faut pas s'attendre à avoir des réponses tout de suite". Une situation qui pèse sur le moral d'Anne. "C'est quand même anxiogène", confie-t-elle, d'autant que "vous êtes isolé des gens que vous auriez pu voir en temps normal. Ils s'en vont aussi donc vous vous retrouvez seule chez vous devant votre ordinateur".

Il ne faut pas baisser les bras, conseille Isabelle Corbe, qui accompagne Anne avec l'association Solidarité nouvelle face au chômage. Au contraire, elle préconise de "profiter de l'été pour aller plus loin dans certaines tâches que [les demandeurs d'emploi] n'ont pas forcément le temps de faire pendant l'année. C'est un moment où l'on peut refaire son CV, s'entraîner aux entretiens".

Le moment de se démarquer

C'est exactement ce qu'a fait Alassane. "J'ai modifié mon écriture", explique le jeune homme, qui est au chômage depuis un an. "Avant, quand j'écrivais, ce n’était pas trop professionnel". Il s'est donc "entraîné" et a "appris des mots techniques." Ce jeune de 21 ans est sur le qui-vive. Pour ne rater aucune opportunité, il s'est inscrit à la Maison de l'emploi et de la formation (MEF) à Nanterre où il participe, par exemple, à des sessions de recrutements. Après un entretien avec une agence d'intérim, Alassane retrouve le sourire. "Le recruteur m'a mis à l'aise. Il m'a dit que mon CV était bien fait et j'ai été directement inscrit", se réjouit-il. "J'attends juste qu'on m'appelle pour des missions. Je suis content".

En effet, certaines entreprises continuent de recruter. Isabelle Garnier, chargée de relation entreprise à la MEF de Nanterre, est d'ailleurs persuadée que le mois d'août est la période clé pour se démarquer. "Il y a moins de candidats. Les quelques offres à pourvoir" peuvent "être aussi une opportunité pour les candidats parce qu'il y aura moins de concurrence", rassure-t-elle. France Travail enregistre ainsi près de 4 millions d'embauches chaque année au mois d'août et rappelle qu'actuellement 1 million d'offres d'emploi sont disponibles sur son site internet.