"Il n'y a pas de conservateurs dans nos conserves", martèle le directeur général de Bonduelle
Bonduelle c'est 42 sites de production dans le monde, dont la moitié en France. Quatre marques dont les plus connues sont Bonduelle et Cassegrain. Bonduelle c'est une entreprise familiale qui a été fondée à Villeneuve d'Ascq à la fin du XIXe siècle, introduite en Bourse en 1998, qui a connu pas mal de difficultés. Mais récemment, vous avez enfin amélioré la rentabilité du groupe avec une hausse du résultat opérationnel de près de 18% et une hausse de la marge. Xavier Unkovic, directeur général de Bonduelle est l'invité éco de franceinfo, mercredi 25 juin.
franceinfo : Vos bons résultats signifient-ils pour autant que les gens consomment davantage de légumes qu'avant ?
C'est notre souhait. Oui, bien sûr. C'est notre objectif, c'est notre mission, d'inspirer la transition alimentaire vers une alimentation plus végétale, bonne pour la santé des gens mais aussi pour la planète. Donc oui, c'est notre souhait de promouvoir nos marques, de promouvoir nos produits et de faire en sorte que les gens se régalent et retrouvent le végétal comme un aliment qui est bon, qui est un aliment plaisir, qui est un aliment de partage. Donc oui, on est à fond sur l'augmentation de la consommation.
En France, les ventes de légumes en conserve accusent une diminution de plus de 2,5% en un an, concurrencé largement par les surgelés, comment l'expliquez-vous ?
Parce qu'on ne fait pas toujours un super job et c'est bien pour ça qu'on communique aujourd'hui. C'est pour ça qu'on veut faire tomber des idées qui sont préconçues, on veut faire tomber des tabous, comme : il n'y a pas de conservateurs dans nos conserves. Ce n'est pas transformé. Vous pouvez trouver des superbes haricots verts ou petits pois cuits à la vapeur comme votre grand-mère le faisait dans sa cocotte-minute. Voilà, nous, on a des grosses cocottes-minute dans nos ateliers de fabrication.
"On veut redonner ses lettres de noblesse à cette conserve qui n'est pas une conserve."
Xavier Unkovicsur franceinfo
C'est un packaging, un emballage qui préserve tous les éléments nutritionnels, les vitamines, les minéraux, de ces végétaux qui sont pleins de bienfaits pour les personnes.
Dans le même temps les produits de marques de distributeurs (MDD) que vous produisez sont en chute libre, pourquoi ?
Là c'est leur problème...
Mais c'est le vôtre aussi puisque vous les produisez...
Tout à fait. Nous, on leur rend ce service de produire pour eux, de leur amener des produits. Je veux simplement dire que s'ils sont en baisse, nous, on a envie que nos marques progressent, de laisser les conservateurs aux musées. En tout cas, c'est là où ils sont les meilleurs, de faire en sorte que quelque part, les légumes et les légumineuses reprennent de la dynamique dans le marché français. Si on parle de la catégorie et c'est notre objectif, je suis certain que les marques de distributeurs en bénéficieront. Donc on va les aider aussi un petit peu.
Sauf que les marques de distributeurs font face à une nouvelle concurrence, notamment concernant le maïs en provenance de Chine et ça c'est terrible en termes d'image ?
Ce n’est pas terrible en termes d'image. C'est peut-être terrible en termes de produit. Nous, on a nos produits qui sont fabriqués en France...
Mais comment le sait-on ?
Vous avez tout à fait raison, on ne sait pas. Et c'est pour ça que Bonduelle s'engage et s'est engagé derrière "Origin’Info" qui a été soutenue énormément par le gouvernement.
C'est un QR code, mais pour vos marques, pas pour les marques de distributeurs que vous produisez...
Après, le consommateur fera son choix quand il ne trouvera pas de QR Code et quand le distributeur ne communiquera pas sur l'origine de ses produits, il essaiera d'aller rechercher un tout petit peu. En tout cas, il aura raison de se poser plein de questions.
Aujourd'hui, il y a un QR code sur les produits Bonduelle, sous vos marques Bonduelle ou Cassegrain, qui permet aux consommateurs de connaître l'origine précise du produit ?
Exactement, l'origine du produit. Nous, on veut agir en toute transparence : l'origine du produit, la capacité à communiquer sur nos agriculteurs avec qui on est partenaire, dans le nord de la France pour les légumes verts, dans le sud de la France et notamment dans le sud-ouest pour les maïs, car c'est là où on cultive le maïs en France. Donc oui, on est complètement prêts à partir dans une transparence exemplaire, parce que quelque part, on n'a rien à cacher. Tout simplement.
Ce que vous voulez, en Europe notamment, c'est augmenter les ventes sous vos marques propres et de diminuer côté marques de distributeurs ?
Nous, on a une qualité différente avec nos marques. On a un soin apporté qui est différent de celui de la marque distributeur, puisque le prix est différent, donc ça se justifie. Donc on veut apporter de la qualité, de la santé, du plaisir, du goût au consommateur qui est bien plus prononcé et meilleur avec nos marques qu'avec les mais chinois, par exemple.
Vous avez plus de 10 000 collaborateurs, dont quasiment la moitié en France. La dernière fois que je vous ai reçus ici sur France Info, vous étiez en train de fermer un site, l'activité salade en sachet dans la Meuse. Allez-vous fermer d'autres sites en France, en Europe ?
Ce n’est pas du tout l'objectif.
"Dans ma carrière, je n'avais jamais fermé de site avant Bonduelle. Donc mon objectif en venant chez Bonduelle, c'était de faire du développement. Il s'est avéré que sur la salade, on a eu une histoire qui est différente."
Xavier Unkovicsur franceinfo
Aujourd'hui, l'activation de nos marques bat son plein. "Quand c'est bon, c'est Bonduelle", on a ranimé cette dynamique de l'héritage de la marque parce que c'est important de travailler sur l'héritage de la marque et de l'amplifier et de le moderniser. On veut moderniser la marque. On veut faire en sorte que nos ventes augmentent et que nos usines et nos ateliers de fabrication tournent au mieux.
L'Europe est votre premier marché avec 60% des débouchés. Mais vous avez dit que les États-Unis allaient devenir un très gros marché pour vous, le plus rentable. Êtes-vous toujours convaincu de cela ?
Moi, je suis convaincu que ça sera le plus gros, tout à fait.
"Aujourd'hui, la marque Bonduelle est partout lancée aux Etats-Unis et on en est ravi."
Xavier Unkovicsur franceinfo
On a introduit des nouveaux produits et de l'innovation aux Etats-Unis qui n'existaient pas chez les détaillants et chez les distributeurs américains. On a été élus produits qu'ils appellent de "long life" de l'année. Donc, écoutez, moi, je suis ravi. Les choses évoluent, les résultats s'améliorent significativement. Comme toute transformation, ça prend son temps. Il faut apprendre à être un peu patient. On s'est fixé trois ans pour faire en sorte que Bonduelle se transforme, Bonduelle se développe, et faire en sorte que quand ça soit bon, ça soit Bonduelle tout le temps.