Premier League : Liverpool, un titre de champion d’Angleterre pour tourner symboliquement la page Jurgen Klopp

Et soudain, Liverpool s'est embrasé. Dans le début de la soirée d'Anfield, quand Thomas Bramall a sifflé la fin du dernier match du week-end, tout un groupe sur la pelouse, et tout un stade, ont explosé. En offrant une démonstration (5-1) à son public face à Tottenham, dimanche 27 avril, Liverpool a scellé son 20e titre de champion d'Angleterre, après avoir été mis sur orbite par le match nul d’Arsenal face à Crystal Palace dans la semaine.

Sa place en haut du classement de Premier League, attendu par tout un peuple frustré des célébrations du 19e sacre à huis clos dans l’atmosphère Covid de 2020, vient valider une saison 2024-2025 réussie, alors qu’elle avait commencé avec plus de questions que de réponses. Avec ce nouveau trophée, les Reds prouvent qu’ils ont démarré une nouvelle ère, un an après le départ de l’iconique Jürgen Klopp, devenu indissociable du club et de la ville après neuf saisons passées et huit trophées, mais déjà remplacé avec succès.

Une vie après Jürgen Klopp

Une réussite que peu imaginaient en début de saison du côté de la Mersey. "Plusieurs supporters de Liverpool étaient inquiets, parce qu’ils avaient perdu l’entraîneur le plus iconique et avec le plus d’impact depuis Bill Shankly", explique James Pearce, qui suit Liverpool pour The Athletic. "Beaucoup attendaient une saison de transition, à donner du temps au nouveau manager de s'adapter à la pression et aux attentes de gérer l’un des plus grands clubs du monde. Ce qui est arrivé cette saison a dépassé toutes les attentes." Un avis partagé par la légende des Reds Jamie Redknapp auprès du magazine FourFourTwo mi-mars : "Slot a réussi à montrer quelque chose dont on n’était pas sûr -qu’il y aurait une vie après Klopp- car il n'y a toujours pas de vie post Sir Alex à Manchester United, pas à Arsenal post Arsène Wenger, en termes de trophées gagnés."

Ces dernières semaines, leur succès ne faisait plus aucun doute. Les Reds tiennent la place de leader depuis début novembre, au soir de la 10e journée, et comptent 15 points d'avance sur les Gunners, leur dauphin. 

La bonne saison est forcément, en partie, à mettre au crédit de la nouvelle figure qui a pris place sur le banc. A 46 ans, arrivé après seulement cinq années d'activité dans le championnat des Pays-Bas dont quatre sur le banc de Feyenoord conclues par une Coupe nationale, Arne Slot a pris la relève. Identifié par la cellule de recrutement du club notamment à l'aide de la data, il s'est appuyé sur les fondations posées par son prédécesseur : "Ce que les équipes de Jürgen et les miennes aiment faire, c'est presser très fort, parfois avec une formation un peu différente, mais l'idée est la même. Et nous aimons tous les deux marquer des buts ! Pour moi, il était très important que Liverpool me choisisse pour ma façon de jouer", avait déclaré l'intéressé face aux médias début novembre.

"Je dirais qu’on a dépassé les attentes, parce que je crois qu’au début de la saison personne n’attendait, ou du moins je ne m’attendais pas à ce qu’on soit là où on en est aujourd’hui. C’est en grande partie grâce à Arne, et aussi, évidemment, grâce à un groupe qui a de l’ambition et une très forte mentalité."

Alexis Mac Allister, milieu de terrain de Liverpool

à La Media Inglesa

Le Néerlandais a aussi pu s’appuyer sur un groupe presque inchangé par rapport à la saison dernière, et donc sur l’ossature du dernier Liverpool version Klopp. L'arrivée du gardien de but géorgien Giorgi Mamardashvili, immédiatement prêté à Valence, et de l'Italien Federico Chiesa, et les départs à la retraite de Joel Matip et Thiago Alcantara, ont été les seuls mouvements majeurs dans un effectif resté globalement stable. "Il a été le premier à reconnaître qu'il était chanceux de la qualité de l'effectif qu'il récupérait. Il a vite compris la culture de professionnalisme et d'exemple. Il n'a pas eu besoin de toucher à cette dynamique, de faire des changements simplement pour en faire", explique James Pearce.

Des ajustements mais pas de bouleversement

Ce qui n'a pas empêché Arne Slot d'apporter sa patte par petites touches, du petit-déjeuner désormais obligatoire au centre d'entraînement le matin à son attention extrême portée aux détails. "Le style de jeu est quand même un peu différent de celui de Klopp : c'est plus basé sur la possession, moins intense, peut-être moins divertissant par moments, mais il est plus question de contrôler les matchs. Ce sont des ajustements de tactique et de style, plutôt que de grands changements", décrypte James Pearce. Sous ses ordres, des joueurs comme Ryan Gravenberch ont pris une nouvelle dimension et se sont trouvés au cœur du succès de leur équipe.

Parmi les autres grandes satisfactions de la saison, les prolongations de contrat de Mohamed Salah, en course pour le titre de meilleur buteur (27 réalisations) et du capitaine Virgil van Dijk démontrent une confiance restée intacte dans le projet sportif. "Ça a été un soulagement de voir cette confirmation, se dire que Liverpool pourra continuer à être attractif. Pouvoir retenir des légendes du club, ça montre que le projet continue à être attractif, et dans lequel les joueurs croient", affirme Camille Delattre, l'un des responsables du réseau de supporters Reds France.

"Cette saison restera historique et considérée comme pleine de succès pour Liverpool, sans aucun doute", assure James Pearce, pour qui presque tous les supporters auraient signé pour ce bilan avant le début de la saison, malgré une élimination dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions face au PSG, ou la finale d'EFL Cup perdue face à Newcastle. De quoi déjà faire oublier l'Allemand ? Plutôt célébrer son héritage, et le début d'une nouvelle ère.