«Nous resterons mobilisés jusqu'à ce que nos revendications soient entendues» : à Sciences Po, les militants propalestiniens maintiennent la pression
Nouvelle journée de blocage à Sciences Po. Ce vendredi 3 mai, une centaine d’étudiants propalestiniens occupent le bâtiment du 27 rue Saint-Guillaume. Les militants ont dormi sur place et refusent de sortir tant que l’IEP refuse «d’investiguer» les partenariats qui le lient à des universités israéliennes.
Alors que le Comité Palestine, à l'origine de la mobilisation, avait prévu une conférence à 9h30 devant l’IEP, la gendarmerie a demandé aux journalistes d’évacuer les abords de l’école. Plusieurs fourgons bloquent désormais les deux accès de la rue Saint-Guillaume, qui demeure fermée au public.
Des militantes masquées
Quelques dizaines de minutes plus tard, deux militantes, keffiehs sur les épaules et masques chirurgicaux sur le nez gagnent la rue de Grenelle, où les journalistes attendent massés sur le trottoir.
L’une d’elles sort son téléphone et commence à lire un texte. «Comme vous le savez, nous avons été contraints d’annuler notre conférence de presse en raison de 8 camions de gendarmerie présents dans la rue Saint-Guillaume. Cette réponse est disproportionnée et sécuritaire, elle marque encore une fois la répression des voix propalestiniennes au sein de notre établissement», s’insurge une militante en imperméable beige.

Les deux jeunes femmes qui refusent de donner leurs prénoms s’expriment à tour de rôle. «Au moment même où nous parlons, il y a une délégation qui est en négociation, donc on vous tiendra informés», poursuit ainsi la jeune femme en veste marron.
«La communauté étudiante restera forte et mobilisée jusqu’à ce que nos revendications soient entendues», ajoute sa camarade. Et de poursuivre : «Notre demande vis-à-vis de l’institution reste la même : nous souhaitons la création d’un groupe de travail et d’une commission d’enquête pour remettre en question les partenariats universitaires et économiques vis-à-vis des violations du droit international et des droits de l’Homme en Palestine d’ici le prochain conseil de l’institut.»
Une grève de la faim a débuté hier
Pour appuyer leurs revendications les militants ne misent pas que sur le blocage. «Il y a une grève de la faim qui a débuté hier donc depuis 24 heures par 10 étudiants de Sciences Po Paris dont trois étudiants sur le campus de Reims», déclare une des étudiantes. «Nous soulignons et apportons notre soutien à la manifestation et aux occupations qui sont en cours dans les campus délocalisés de Sciences Po au Havre, à Poitiers et à Reims.»
Hier matin un «town hall», c’est-à-dire un débat, s’est tenu à Sciences Po Paris entre les étudiants et l’administration de l’établissement. Lors de cette rencontre, la direction s’est refusée à réviser ses partenariats. À l’issue, les militants déçus avaient immédiatement annoncé que leur mobilisation continuerait. «Alors que la communauté étudiante attendait des engagements lors de ce débat, la seule fois ou l’administrateur de l’IEP Jean Bassères a prononcé ce mot, c’est pour nous indiquer qu’il ne s’engageait pas à ne pas appeler à nouveau les forces de l’ordre malgré un consensus au sein de la communauté académique d’un refus de leur intervention dans l’enceinte de l’université», déplore ainsi l’une des militantes.
En raison du blocage, l’administration a décidé la fermeture de ses locaux parisiens ce vendredi 3 mai. Dans un mail envoyé, aux étudiants hier à 23 heures, elle précise que «les cours sont basculés sur Zoom et qu’elle tiendr[a] [les étudiants] au courant de l’évolution dans la journée».