Désertion des éditeurs, appels au boycott des auteurs, inquiétude des grands noms de la BD évoquant un festival en «danger de mort»... L’annonce de la reconduction de la société 9eArt+ à l’organisation de la manifestation ne passe pas et menace sérieusement la tenue de la prochaine édition.
Passer la publicité Passer la publicitéUne obstination qui ne passe pas. À l’annonce, samedi 8 novembre, du FIBD l’association historique du festival BD d’Angoulême, d’attribuer sa future organisation au binôme alliant la société controversée 9eArt+et la Cité de la BD, la profession est vent debout pour exprimer sa colère. Une décision prise dans le contexte d’un appel d’offres entouré de vives tensions.
Les éditions Dargaud, Dupuis, le Lombard, Kana, Urban Comics ne se rendront pas à la 53e édition, qui doit se tenir du 29 janvier au 1er février 2026, suivis de Delcourt et emboîtant le pas aux maisons indépendantes. Le Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA) a lui réitéré son rejet absolu de « la reconduction de cette société et de son dirigeant, Franck Bondoux ».
Passer la publicitéTous veulent tourner la page Franck Bondoux et de sa société 9eArt+, accusée de dérives commerciales, de gestion opaque et d’avoir licencié une salariée après une plainte pour viol en 2024. La décision de l’association historique, présidée par Delphine Groux, a provoqué une colère où s’entremêlent incompréhension et marque de mépris.
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« Dans un contexte de tension et d’opacité entourant la désignation du nouvel organisateur du FIBD, le Groupe Delcourt annonce qu’en l’état actuel des choses, il ne participera pas à l’édition 2026 et appelle à une refonte urgente du festival », peut-on lire dans un communiqué de la maison d’édition. « Nous nous joignons aux auteurs et à nos confrères éditeurs pour dénoncer la mainmise opérée sur le Festival par la société organisatrice 9eArt + et son
dirigeant, ainsi que la brutalité de leur gestion humaine. La responsabilité de l’association du festival, soutien sans faille de 9eArt+, ne saurait être sous-estimée », enchérit Delcourt.
Cette future gouvernance de l’événement a également provoqué l’ire des auteurs, qui à l’instar des éditeurs appellent massivement à boycotter la prochaine édition. La lauréate 2025 du grand prix, Anouk Ricard a annoncé, dès la mi-octobre, qu’elle ne se rendrait pas à la prochaine édition renonçant de fait à l’exposition qui devait lui être consacrée. « Dans le contexte actuel, autour de l’organisation du festival, j’ai pris la décision de ne pas participer à l’édition 2026 ni à l’exposition qui devait m’être consacrée », écrivait alors sur Instagram l’artiste de 54 ans, appelant de ses vœux un « festival plus respectueux et à l’écoute de toutes les voix ».
Inquiétude
Outre l’appel au boycott, les artistes sonnent l’alarme. Dans une tribune relayée par L’Humanité, lundi, une vingtaine de grands noms de la bande dessinée exprimait sa profonde inquiétude quant à l’avenir du festival. Florence Cestac, Art Spiegelman, Riad Sattouf, Posy Simmonds, Jacques Tardi, François Schuiten pour ne citer qu’eux, l’estiment«en danger de mort». «Sans un changement rapide et profond, l’édition 2026 risque fort d’être la dernière», écrivent-ils. Tout en dénonçant une accumulation de «scandales, d’erreurs de communication et de manque d’ambition», nuisant à «l’ensemble de la profession».
Exaspéré par la situation, le maire d’Angoulême Xavier Bonnefont incite le FIBD à prendre ses responsabilités en écartant définitivement 9e Art + quitte à le déposséder de la manifestation, nous apprend La Charente libre .