Dominique de Villepin dénonce «un génocide» en cours à Gaza
Dominique de Villepin durcit encore le ton. Dans un texte fleuve publié ce vendredi sur son compte X, l’ancien premier ministre a changé de terminologie pour dénoncer la situation au Proche-Orient : «À Gaza, sous nos yeux, c’est bien un génocide qui se déroule», a-t-il tranché, alors qu’il s’était refusé jusqu’ici à employer pareil qualificatif. Un terme pourtant régulièrement utilisé par La France insoumise pour s’indigner des représailles israéliennes depuis le 7-Octobre. «Aujourd’hui, en regardant Gaza, en observant jour après jour ce qui s’y déroule, je dois me rendre à l’évidence tragique : un crime a lieu à Gaza, un crime de génocide», a-t-il ajouté. L’ex-ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac estime que, en la matière, «se taire, c’est se rendre complice» tandis que, à l’inverse, «nommer, c’est déjà agir.» Et d’accuser l’État hébreu d’une «folie meurtrière» destinée selon lui à «effacer tout un peuple» grâce «à la complicité de l’administration américaine et la passivité des États européens».
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Alors que la France vient de larguer plusieurs tonnes d’aide humanitaire sur l’enclave, pour aider à lutter contre la famine de la population locale, Dominique de Villepin entend lancer un appel «aux consciences, aux peuples, aux États» pour que soient enfin rompus «le silence et l’inaction.» Dans son message, le septuagénaire milite aussi «pour que chacun, intellectuel, artiste, citoyen, là où il est, prenne position clairement, fermement, immédiatement», avec pour objectif de mettre fin à une «passivité complice» selon lui. Récemment revenu sur le devant de la scène médiatique, après une longue traversée qui l’a tenu éloigné du débat public, Dominique de Villepin s’est lancé ces dernières semaines dans une vraie-fausse campagne. Auteur d’un livre-programme intitulé Le Pouvoir de dire non (Éd. Flammarion), en allusion à son célèbre discours de 2003 sur le refus français de participer à la guerre en Irak, l’ex-chiraquien s’est lancé dans une tournée promotionnelle avant les vacances d’été, qui présage peut-être d’une rentrée où il lèvera un coin de voile sur ses ambitions.
Passer la publicitéIl faut dire que l’ancien premier ministre vient tout juste de se lancer son propre parti politique, baptisé La France Humaniste, alimentant volontairement les rumeurs sur une possible candidature à la présidentielle. Reste à connaître l’électorat à qui il entend s’adresser, lui qui est en rupture de ban avec la droite traditionnelle, au point d’avoir engagé un bras de fer public avec le nouveau patron des Républicains et numéro cinq du gouvernement, Bruno Retailleau (Intérieur). À l’inverse, Jean-Luc Mélenchon se réjouit en privé de voir son adversaire d’hier reprendre aujourd’hui «le vocabulaire» Insoumis. Une entente de circonstance sur fond d’antisionisme qui vaut à Dominique de Villepin d’être accusé, par le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, «d’alimenter» une «rhétorique (...) antisémite». Au point que ce dernier en a fait, lors du dernier Dîner du Crif, un «Mélenchon des beaux quartiers».