Voyages aux États-Unis : pourquoi les Européens ralentissent, mais pas (tout à fait) les Français

On les croise encore sur Times Square, le pont de Brooklyn ou dans les parcs de l’Ouest, mais ils sont nettement moins nombreux. Les voyageurs européens semblent bouder les États-Unis, une tendance confirmée par les dernières données du National Travel and Tourism Office. Par rapport à la même période en 2024, le nombre de voyageurs en provenance d’Europe de l’Ouest — incluant aussi bien les touristes que les professionnels — a chuté d’environ 17 % en mars, et de 7 % depuis le début de l’année.

Certains pays se détachent nettement. L’Allemagne, l’Irlande et l’Espagne enregistrent des reculs spectaculaires, avec plus de 20 % de baisse mesurée en mars. L’Allemagne à elle seule affiche -16,5 % de fréquentation au premier trimestre. La France, elle, résiste mieux : -8 % en mars, et seulement -6 % sur l’ensemble du premier trimestre 2025.

«Les États-Unis paient aujourd’hui un rapport qualité-prix qui ne tient plus la route », observait il y a quelques semaines Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme. Hôtels, restaurants, location de voiture : tout coûte plus cher, souvent sans que l’expérience s’améliore. Résultat, ce qui était autrefois un grand voyage convoité devient une équation économique difficile à résoudre.

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L’effet Trump ? Un facteur parmi d’autres

À cette hausse des coûts s’ajoutent les contraintes administratives : l’ESTA, les douanes souvent rigides, les délais. Le retour en campagne de Donald Trump, avec ses déclarations tonitruantes, accentue une image d’Amérique moins ouverte, plus clivante. Comme le notait il y a quelques jours The Guardian, les tensions commerciales relancées sous sa présidence ont aussi affecté l’attractivité du pays, notamment auprès des classes moyennes européennes.

Une baisse significative, certes, mais qui révèle une érosion plus qu’un effondrement. En mars, Le Figaro appelait déjà à nuancer l’idée d’un pur «effet Trump». En 2017 déjà, au début de la première présidence de Donald Trump, un déclin du nombre de touristes internationaux avait été observé dans le pays, avant que la situation se stabilise. Ce n’est pas tant un rejet politique qu’un faisceau de freins qui dissuade : image brouillée, parcours compliqué, budget alourdi.

Sur le terrain, les voyagistes confirment une évolution du profil des clients. Moins de primo-visiteurs, plus de connaisseurs, souvent en second ou troisième séjour. «Ils ciblent une région, un événement, et veulent optimiser leur budget. Ce n’est plus le grand road trip USA d’il y a dix ans», résume un professionnel. Mais, la plupart des touristes ne semblent pas prêts à renoncer à ce voyage qu’ils préparent de longue date. « Nous n’avons enregistré aucune annulation, car nos clients n’anticipent pas d’impact direct sur leur séjour, confirmait Alain Capestan, PDG de Comptoir des Voyages, pour qui les États-Unis sont la destination la plus vendue.

Des billets bradés… pour ceux qui osent

Un avion Air France sur le tarmac de l’aéroport JFK de New York. vadiml / stock.adobe.com

Et pourtant, les prix des billets d’avion vers les États-Unis sont historiquement bas. Un Paris-Los Angeles à partir de 180 euros, c’est désormais possible. La concurrence féroce entre compagnies traditionnelles et low cost, combinée à la reprise complète des capacités aériennes, pousse les tarifs vers le bas.

De quoi relancer la tentation, même chez les plus prudents. Car si le vol est devenu bon marché, l’addition sur place reste salée : hébergements chers, taxes locales omniprésentes, restaurants qui alignent leurs prix sur l’inflation.

L’Amérique version 2025 n’est plus un eldorado économique. La destination a changé. Elle n’est plus la grande échappée bon marché des années 2000. Mais pour ceux qui acceptent les nouvelles règles du jeu, elle continue d’offrir des paysages à couper le souffle, des road trips mythiques et une fascination intacte pour les grands espaces. Le rêve américain, version 2025, se paie… mais peut aussi se négocier.


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