Jean-François Kahn, journaliste et fondateur de "Marianne", est mort à l'âge de 86 ans
Le journaliste et essayiste, Jean-François Kahn, est mort, jeudi 23 janvier, à l'âge de 86 ans, a annoncé Le Point , une information confirmée par la direction de Marianne à franceinfo. Cette figure médiatique avait créé le magazine L'Evénement du jeudi en 1984, titre disparu en 2001, et surtout l'hebdomadaire Marianne en 1997. Il en avait été le directeur jusqu'en 2007. Le Premier ministre, François Bayrou, lui a rendu un hommage appuyé sur X, saluant "un géant et un homme rare".
Jean-François Kahn était un géant et un homme rare. L’incroyable créativité qui l’animait, son audace, lui ont fait fonder de véritables journaux-époque, l’événement du jeudi, Marianne. Il incarnait le « centrisme révolutionnaire », l’humanisme et la fidélité. Nous l’aimions.
— François Bayrou (@bayrou) January 23, 2025
Fils du philosophe Jean Kahn, Jean-François Kahn opte, dans un premier temps, pour l'enseignement. Mais "pour fuir la dureté du professorat, je suis devenu journaliste par faiblesse", confiait-il, il y a quelques années.
"L'Evénement du jeudi" puis "Marianne"
Entré très jeune à Paris Presse, il couvre la guerre d'Algérie et révèle l'affaire Ben Barka, l'opposant marocain enlevé en plein Paris par des policiers en 1965 et dont le corps n'a jamais été retrouvé. L'Express, Le Monde, Europe 1, la direction des Nouvelles Littéraires, du Quotidien de Paris, brièvement du Matin, JFK, comme il est surnommé, assouvit sa passion pour la presse et ne mâche pas ses mots dans ses déclarations enflammées. En 1986, après cinq ans de débat "Face à Face" avec Alain Duhamel, il est licencié d'Europe 1 pour avoir traité de "requins" les patrons d'Hachette, alors propriétaire de la radio d'Europe 1. A la même époque son talent d'intervieweur l'amène souvent sur le plateau de l'Heure de Vérité sur Antenne 2.
En 1984, il lance l'Evènement du Jeudi, hebdomadaire au concept inédit : un journal qui appartient à ses lecteurs. Pour un "Pascal", le billet de 500 francs d'alors, on devient actionnaire de l'EdJ. Le succès ne tarde pas et le magazine prospère pendant une petite décennie avant de finir dans l'escarcelle d'Hachette et de disparaître après quelques vaines tentatives de relance.
JFK quitte le navire en 1997 pour lancer Marianne, nouveau succès de presse même si les recettes publicitaires ne sont pas au rendez-vous. Il s'était exprimé pour la dernière fois dans les colonnes du journal en mai 2011, après ses commentaires sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn. ll avait parlé de "troussage de domestique", avant de s'en excuser et d'admettre qu'il avait dit une "connerie". "Je tourne la page de journaliste. Je l'aurais fait de toute façon. Ca fait 50 ans quand même, j'ai donné", avait-il déclaré sur RTL, tout en reconnaissant que la polémique sur ses déclarations avait été un "déclic".