«Comment on peut imaginer que ces hommes sont des violeurs ?» : la charge d’une avocate des condamnés contre le verdict des viols de Mazan

«Je suis triste, vraiment je suis triste». Hier, les réactions ont fusé après l’annonce des peines des 51 co-accusés des viols de Mazan. Personnalités publiques et politiques, aussi bien françaises qu’étrangères, ont salué le courage de Gisèle Pelicot et l’ont remerciée d’avoir rendu le procès public. Alors que les peines prononcées, plus faibles que les réquisitions du parquet, devraient inciter la plupart des avocats de la défense à ne pas interjeter appel, l’une d’entre eux, Nadia El Bouroumi, a fait part de sa grande déception. 

Sur son compte Instagram suivi par près de 54.000 personnes, l’avocate a multiplié les stories pour commenter le verdict. Déjà très connue pour avoir «couvert» le procès à la façon d’une télé-réalité, Nadia El Bouroumi a enchaîné les propos polémiques. Elle a d’ailleurs porté plainte pour harcèlement.

Hier dans la matinée, avant l’annonce du verdict, la pénaliste avait publié une capture d’écran d’un échange de messages où quelqu’un lui demandait comment elle allait. Ce à quoi elle a répondu : «J’attends ma Peine». Cette publication éphémère (les stories ne restent que 24 heures sur le compte Instagram) était accompagnée d’un émoji ému avec les larmes aux yeux. Dès lors que le tribunal a rendu les condamnations, elle s’est empressée de faire une autre story : «Impossible de commenter ! Juste la tristesse».

«Vraiment je suis triste»

Or deux heures plus tard à peine, Nadia El Bouroumi bombarde ses abonnés de vidéos filmées, comme à son habitude, face caméra. «Je ne comprends pas l’émeute devant le palais de justice», lance-t-elle en introduction. «Y avait des gens qui criaient, des femmes qui criaient, c’est tout ce que l’on déteste de la meute, des passions de l’être humain qui avec aucune subtilité se réjouit», blâme-t-elle avant d’ajouter : «ou pas d’ailleurs, parce que certains considèrent qu’ils n’ont pas assez pris». Elle raconte un peu plus tard avoir été «sortie par derrière» pour éviter «les émeutes».

Devenant rapidement plus émotive, elle rappelle : «Je plaide pour un monsieur qui a 74 ans, le pauvre», et elle se met à pleurer, essuyant ses larmes sur son bras nu. La pénaliste ajoute, interpellant frontalement ses internautes : «T'imagines à 74 ans, il a pris 6 ans, donc ça veut dire concrètement (que) même si on fait appel, il va faire un an encore. Je ne sais même pas s’il a toute sa tête», déplore-t-elle, avant de détailler la réaction de son autre client, qui «s’est effondré et a pleuré». «Je suis triste, vraiment je suis triste».

«Tu ne peux pas accepter une telle décision»

Toujours en train de défendre ses clients, elle déclare : «on voit bien ces gens-là comment ils sont, leur caractère, leur personnalité. Si vous voyez mes clients vous dites “ce n’est pas possible”». Elle poursuit et raconte avoir appelé les familles de ces derniers et avoir dit : «Mais comment on peut imaginer que ces hommes sont des violeurs quoi?». «Je ne comprends pas, je vous assure je ne comprends pas».

Répondant aux internautes lui ayant fait remarquer qu’avec les aménagements de peine, ses clients «ne vont pas faire beaucoup» de prison, elle rétorque : «Mais ce n’est pas la question ! Quand tu comprends ce dossier, quand tu comprends les circonstances, tu ne peux pas accepter une telle décision, ce n’est pas possible». Continuant son monologue, elle ajoute : «Alors oui c’est vrai certains m’ont dit, “mais tu te rappelles, tu avais dit que c’était joué d’avance”, mais j’ai toujours un grand espoir de la justice moi». Elle enchaîne pourtant avec une contradiction en déclarant : «Je passe mon temps à dire que je m’en méfie (de la justice)».

Nadia El Bouroumi ajoute «Ce monde me dégoûte». «En tout cas du courage pour les familles, pour les enfants Pelicot, pour Gisèle Pelicot, les accusés, leurs familles. Du courage parce que comme je vous l’ai dit en cour criminelle ou en cour d’assises, il n’y a jamais de gagnant, ce sont des drames humains», conclut-elle, assurant être «très affectée», «déçue de la nature humaine» et qu’elle ira s’enfermer dans l’après-midi après avoir plaidé.