Borne, Valls, Retailleau… Ces figures politiques qui quittent le gouvernement

Une semaine après la démission de son premier gouvernement, Sébastien Lecornu a présenté dimanche 12 octobre une nouvelle équipe de 35 membres. Entre reconductions, promotion ou retour de figures macronistes et arrivée de visages issus de la société civile, ce deuxième gouvernement qui prend place dans un contexte politique particulièrement instable est marqué par le départ d’un certain nombre de poids lourds politiques.

Retailleau quitte Beauvau

À Beauvau, Bruno Retailleau  a choisi de rendre son portefeuille de l’Intérieur. Élu président des Républicains en mai dernier, l’ancien sénateur de Vendée a tranché, mercredi soir, après plus de 23 heures de tractations : « à titre personnel », il n’ira « pas dans un gouvernement qui voudrait abroger ou suspendre la réforme des retraites ou même dans un gouvernement Lecornu bis ».

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Sa place revient à Laurent Nuñez, préfet de police de Paris depuis 2022, familier du ministère pour y avoir déjà officié comme secrétaire d’État auprès de Christophe Castaner entre 2018 et 2020. Bruno Retailleau s’est d’ailleurs dit « très heureux » de l’arrivée de Laurent Nuñez au ministère de l’Intérieur, qu’il qualifie « d’homme remarquable ».

Borne de retour à l’Assemblée

Un autre départ marquant est celui d’Élisabeth Borne, qui quitte le ministère de l’Éducation nationale. L’ancienne première ministre paie cher son ouverture jugée excessive sur le dossier explosif des retraites. Dans un entretien au Parisien le 7 octobre, elle s’était dite favorable à une suspension de la réforme « si c’est la condition de la stabilité du pays ». Des propos qui ont fait bondir l’aile droite de la majorité, tandis que la gauche saluait un signe d’apaisement. Députée du Calvados, elle retrouve désormais les bancs de l’Assemblée nationale, où plane toujours la menace d’une dissolution. À sa place, le premier ministre a nommé Édouard Geffray, ancien directeur général de l’enseignement scolaire, un profil technique rompu aux arcanes du ministère.

L’éphémère retour de Bruno le Maire

Autre figure poussée vers la sortie : Bruno Le Maire. Nommé ministre des Armées le dimanche 5 octobre, l’ex-titulaire de Bercy a démissionné dès le lendemain, après la chute du gouvernement. Dans un récit livré à Brut, il est revenu sur cette journée chaotique : « Quand je vois que je suis le problème, j’appelle le premier ministre et lui dis ‘je me casse’, et j’appelle le président de la République et je lui dis aussi, ça ne me pose pas de problèmes ».

Souhaitant ne «pas être un problème pour lui» ni «pour les Français», Bruno Le Maire a proposé à Emmanuel Macron «de se retirer du gouvernement sans délai»Catherine Vautrin, jusqu’ici ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, lui succède aux Armées.

Manuel Valls, une sortie discrète mais symbolique

Autre départ notable, celui de Manuel Valls. L’ancien premier ministre socialiste, revenu en politique fin 2024 après plusieurs années d’éclipse, quitte le ministère des Outre-mer. Une surprise pour certains, tant les dossiers qu’il portait – en particulier celui de la Nouvelle-Calédonie – restent brûlants. L’archipel attend toujours le report de ses élections provinciales, condition nécessaire à la mise en œuvre de l’accord de Bougival signé en juillet. La continuité du travail est confiée à Naïma Moutchou, ancienne vice-présidente Horizons de l’Assemblée nationale, brièvement ministre de la Fonction publique sous Lecornu I.

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12 des 18 ministres demeurent

Le gouvernement Lecornu II conserve douze des dix-huit ministres du premier exécutif, parmi lesquels Gérald Darmanin, Jean-Noël Barrot et Rachida Dati. Le premier ministre a également fait revenir plusieurs figures de l’ère Macron : Laurent Nuñez, Benjamin Haddad et Maud Brégeon. Trois personnalités issues de la société civile font leur entrée : Jean-Pierre Farandou (Travail), Monique Barbut (Transition écologique) et Serge Papin (PME, Commerce, Artisanat et Tourisme).

Sébastien Lecornu assume un casting mêlant techniciens, anciens ministres et nouveaux venus du privé, avec une consigne claire : éviter les querelles d’ego et recentrer l’action sur le budget et les priorités économiques de l’automne. Le seul à conserver des ambitions nationales affichées, Gérald Darmanin, a lui-même pris soin de préciser qu’il se mettait « en congé de toute activité partisane ».