À ce jour, il s’agirait de la démarche la plus concrète de Washington pour transformer le désir du président Donald Trump d’acquérir le Groenland en réalité. D’après trois hauts responsables proches du dossier, qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat dans le Washington Post, des membres du Bureau du budget de la Maison Blanche ont tenté de déterminer ces dernières semaines ce que coûterait la transformation de l’île autonome danoise en territoire américain.
Ces recherches comprennent le coût qu’engendrerait le déploiement des services gouvernementaux américains aux 58.000 Groenlandais, ainsi qu’une estimation des revenus que le Trésor américain pourrait tirer des ressources naturelles du Groenland «On discute actuellement du rapport coût-bénéfice pour les États-Unis», a expliqué un haut responsable. Une piste étudiée consisterait à proposer au gouvernement groenlandais un accord plus avantageux que celui proposé par le Danemark, qui subventionne actuellement les services sur l’île à hauteur d’environ 600 millions de dollars par an. «Le fait est que nous paierons plus que le Danemark», a indiqué une des sources au quotidien washingtonien.
Une autre a déclaré que pour le moment, «les responsables du budget travaillent encore à déterminer le coût» de l’acquisition, ainsi que celui «du maintien du Groenland en tant que territoire américain». Il précise que les analyses de ces dépenses sont créées dans l’hypothèse d’un vote positif des Groenlandais à l’adhésion. Elles sont réalisées à l’intention de Russell Vought, directeur du Bureau de la gestion et du budget, par le personnel de la division des affaires internationales du bureau.
«Questions de sécurité nationale»
Selon le Washington Post, une telle planification interne «suggère que les ambitions de l’administration d’acquérir le Groenland vont au-delà des réflexions du président» et «commencent à se refléter dans la politique gouvernementale». Donald Trump a assuré à plusieurs reprises que les États-Unis «obtiendraient» le Groenland. «À 100 %», a-t-il affirmé à NBC News samedi. Interrogé sur la question de savoir si cette appropriation impliquerait l’usage de la force, il a répondu qu’il y avait «de fortes chances que nous puissions y parvenir sans recours à la force militaire», mais qu’il «n’exclut rien».
Anna Kelly, attachée de presse adjointe de la Maison Blanche a déclaré : «Le président estime que le Groenland est un lieu stratégique important et est convaincu que les Groenlandais seraient mieux protégés par les États-Unis contre les menaces modernes dans la région arctique», ajoutant que Donald Trump est «déterminé à instaurer une paix durable, tant dans le pays qu’à l’étranger».
Le 47e président américain considérerait le contrôle du Groenland comme une victoire stratégique pour les États-Unis, tant en raison de ses ressources minérales que de sa situation géographique stratégique. Son acquisition ne figure toutefois pas en tête de la liste des «questions de sécurité nationale», a averti un responsable de la Maison- Blanche, décrivant l’acquisition du Groenland comme un «bonus» à venir après la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, la sécurisation de la paix en Israël et à Gaza et la dissuasion de l’Iran.