« Transformer les plus précaires en chair à patron » : la phase de formulation des vœux sur Parcoursup s’achève ce jeudi
La phase de formulation des vœux de formations dans l’enseignement supérieur sur Parcoursup ouverte mi-janvier pour les lycéens et étudiants qui veulent se réorienter s’achève ce jeudi 13 mars. Si l’édition 2025 avait été lancée dès décembre dernier avec une période d’information, les élèves de terminale n’ont plus que jusqu’au ce soir pour formuler dix vœux maximum et jusqu’au 2 avril pour finaliser leur dossier.
La phase principale d’admission débutera le 2 juin et le classement des vœux en attente interviendra entre le 6 et le 10 juin. Une phase complémentaire de formulation de vœux supplémentaires au regard des places encore disponibles ouvrira ensuite le 11 juin, avant le début des inscriptions le 4 juillet, après la parution des résultats du baccalauréat.
En bref, « c’est le début d’un long parcours du combattant pour des milliers de lycéens et lycéennes qui devront passer des heures à remplir des dossiers sans savoir s’ils auront une place dans la formation souhaitée à la fin de la procédure » résumait en janvier Éléonore Schmitt, porte-parole du syndicat Union étudiante auprès de l’Humanité, qualifiant la plateforme de « machine de tri social des jeunes ».
« Renforcer l’autocensure »
Éléonore Schmitt alerte également sur les nouvelles modalités de la plateforme. « Les ajouts qui ont été faits concernant le taux d’insertion professionnelle, les salaires et les poursuites d’études des différentes formations visent à toujours plus guider les choix des étudiants selon des logiques de marché », déplore la porte-parole. « On vient d’autant plus renforcer l’autocensure des jeunes et aggraver la sélection sociale en cours, avec les plus précaires que l’on souhaite transformer en chair à patron », poursuit-elle.
Hania Hamidi, secrétaire générale du syndical étudiant Unef, définit également la plateforme comme une « machine à sélectionner » auprès de l’Humanité. L’urgence est à « l’ouverture des places manquantes dans les universités notamment via la création de deux universités de taille moyenne », confie-t-elle. Et d’ajouter : « La question doit se poser de quel avenir la France propose aux jeunes et quelles politiques publiques le pays mets en place pour permettre à chaque jeune d’atteindre le meilleur niveau de formation. »
Des mécanismes de sélection omniprésente
De son côté, le site de Parcoursup assure se borner à la « transmission des candidatures » et « la prise en compte des priorités légales », comme le « taux de boursiers décidés par les recteurs pour chaque formation », mais souligne que ce sont « les enseignants des établissements du supérieur qui organisent des commissions d’examen des vœux ». Officiellement, la plateforme n’accroît pas la sélection, et le tri en cas d’excès de candidatures par rapport aux places disponibles se fait désormais à partir « de l’examen des dossiers », pour « plus de méritocratie », lit-on sur le site.
En pratique, c’est un tout autre constat : des mécanismes de sélection omniprésente, un élitisme universitaire et financier, mais aussi une « forte augmentation de la part de l’enseignement supérieur privé » dans les offres de formations, déplorait un rapport rendu public en juillet 2024 par l’IGER (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche). Ce document confirme une fois de plus les craintes exprimées dès le début du processus en 2018.
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