Ligue des nations : domptés par Yamal et l’Espagne au terme d’un match fou, les Bleus disent adieu à la finale

Le football français s’est offert un ascenseur émotionnel en l’espace de six jours. La joie et l’ivresse de Munich avec le sacre du PSG ont laissé place à la détresse et la souffrance d’une équipe de France battue par la meilleure équipe d’Europe. Face à une Espagne plus forte et mieux organisée (5-4), sous l’impulsion d’un Lamine Yamal exceptionnel et auteur d’un doublé, les Bleus disent logiquement adieu à leur espoir de titre en Ligue des nations. Sans être une équipe mais une somme d’individualités, plombée par une défense aux abois et un milieu transpercé, la bande de Deschamps a manqué de trop de choses pour battre sa bête noire (8 victoires sur 12 matches de l’Espagne au XXIe siècle), malgré un sursaut en fin de match.

Deschamps s’est raté, la défense a sombré

Dans son désir de faire mal aux Espagnols, avec l’idée de continuité par rapport au quart de finale retour face à la Croatie en mars (2-0) et la tentation de bénéficier de l’excellente forme de Ousmane Dembélé et Désiré Doué avec le PSG, Didier Deschamps a reconduit une attaque à quatre éléments avec Michael Olise en meneur de jeu, les deux Parisiens sur les côtés et Kylian Mbappé dans une position axiale. Il a aussi tenté le coup d’un milieu à deux (Koné-Rabiot) et d’une défense new-look (Kalulu, Konaté, Lenglet, T. Hernandez) à cause des nombreux forfaits (Koundé, Upamecano, Saliba). Ce fut un vrai cauchemar, malgré la réduction du score en fin de match, tant les Bleus ont sombré face à leur bourreau de l’Euro l’été dernier. À un an du Mondial, les Bleus sont en retard.

Mbappé, symbole d’une équipe imprécise 

Le sélectionneur aurait pourtant pu voir son choix offensif récompensé en début de match, après un travail énorme de Dembélé, au pressing, à la récupération, percussion et à la passe pour son capitaine, avant que ce dernier ne rate son face-à-face devant Simon (7e). Un premier coup de chaud en guise d’avertissement, face à un Lamine Yamal très en jambes dans une Roja bousculée. Cinq minutes plus tard, le meilleur joueur de la Ligue des champions remet ça sur le côté droit, Mbappé laisse passer intelligemment avant que Hernandez ne trouve la barre transversale (13e). Deux énormes occasions, une réelle volonté de proposer des choses... de manière parfois confuse, mais surtout un manque de réalisme criant. Qui se confirmera toute la première mi-temps, avec une flopée de gestes imprécis (Doué, Mbappé 31e, Dembélé 37e, 45e).

Des Bleus mis KO en trois minutes

À ce niveau, rater autant d’occasions, ça ne pardonne pas. Et un adversaire du talent de l’Espagne ne tarde jamais à en profiter. Une première fois après une percussion de Yamal face à un marquage aléatoire de Hernandez, Williams efface le bizuth Kalulu et ouvre le score (1-0, 22e). Trois minutes plus tard, Merino est lancé dans le dos d’une défense bleue statique et trompe Maignan d’une frappe rasante (2-0, 25e). Net et sans bavure. Et même implacable. Dès que Yamal accélère, les Bleus tremblent, dans les jambes et la tête.

Yamal a (encore) ridiculisé le clan français

La suite fut du même acabit avec des Bleus coupés en deux et des champions d’Europe 2024 insaisissables à l’image du jeune Barcelonais, qui a ridiculisé chaque Bleu qui se mettait face à lui jeudi soir. Adrien Rabiot peut en témoigner, dévoré par la vitesse de la pépite de 17 ans, qui se fait justice lui-même sur le penalty du KO (3-0, 54e). Face à une équipe de France composée d’individualités, l’Espagne a répondu avec son collectif, ses circuits de passe et un jeu rodé. Pedri se permet même d’alourdir la note (4-0, 55e) face à une défense française catastrophique.

Les Bleus ont eu le mérite de ne pas sombrer

Si Mbappé a réduit le score sur penalty (4-1, 58e), ce fut de courte durée. Le génie Yamal, inarrêtable, s’est offert un doublé en marchant sur Lenglet (5-1, 67e), relançant de la plus belle des manières la course au Ballon d’Or face à un Dembélé trop discret et peu mis en valeur par le collectif français. Les Bleus ont eu le mérite de ne pas lâcher, à l’image du but somptueux de Cherki (5-2, 79e), celui contre son camp de Vivian (5-3, 84e), et une tête de Kolo Muani (5-4, 90e), mais l’écart était trop grand. Et l’Espagne meilleure. Dimanche (15h), il faudra se coltiner un rendez-vous sans intérêt face à l’Allemagne dans une petite finale en forme de boulet. Les Bleus ne méritaient pas mieux.