Xi Jinping «dictateur» : Joe Biden a-t-il commis une nouvelle «bourde» diplomatique ?

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Xi Jinping, un «dictateur» ? Le président américain Joe Biden a mis les pieds dans le plat ce mercredi 15 novembre à l’issue d’une rencontre bilatérale avec son homologue chinois. «C'est un dictateur dans le sens où voilà un homme qui dirige un pays, un pays communiste, qui repose sur une forme de gouvernement totalement différente de la nôtre», a-t-il affirmé aux journalistes présents.

Le qualificatif a provoqué le courroux de Pékin, qui a dénoncé un discours «extrêmement erroné» et «une manipulation politique irresponsable». Pour un entretien censé aider les deux pays à renouer le dialogue, que la Chine avait qualifié dans la foulée de «positif, exhaustif et constructif», la formule était plutôt étonnante.

Un président devrait-il dire ça ?

Ces petites sorties, Joe Biden s’en est fait une spécialité. C’est devenu le cauchemar de ses conseillers à Maison-Blanche, contraint d’assurer le service après-vente en précisant, dans une version plus neutre et diplomatique, ce qu’aurait vraiment voulu dire le président.

Mais ces bourdes en sont-elles vraiment ? Joe Biden «a toujours eu la réputation de dire ce qu'il pensait», fait remarquer le sénateur Ted Kaufman à Reuters, et ce bien avant d'occuper le bureau ovale. Ses propos sont désormais bien plus lourds de conséquences, là où la diplomatie requiert un message soupesé et clair. Joe Biden en est bien conscient, lui qui s’est plusieurs fois amusé à glisser à ses interlocuteurs : «Personne n’a jamais douté que je pense ce que je dis, le problème, c’est que parfois je dis tout ce que je pense.»

Faciles à qualifier de bourdes - d’autant que le président est moqué par ses opposants pour son âge avancé et des propos parfois incohérents lancés en conférence de presse -, ces sorties pourraient être plus maîtrisées qu’il n’y paraît. Elles sont en tout cas assumées.

Le président américain avait d’ailleurs déjà qualifié Xi Jinping de «dictateur» en juin dernier, en évoquant l’affaire du ballon espion qui avait survolé les États-Unis avant d’être abattu. Pékin avait déjà dénoncé des propos «absurdes et irresponsables», ce qui n’a pas empêché Joe Biden de les réitérer ce mercredi, alors qu’un journaliste lui posait clairement la question de savoir si le président chinois est à ses yeux un dictateur.

Une intervention militaire pour Taïwan ?

En mai 2022, Joe Biden avait également été moqué pour sa bourde sur Taïwan. Lors d’une conférence au Japon, il avait brandi la menace d’une intervention militaire américaine si la Chine tentait de prendre le territoire par la force. Des propos en rupture avec l’«ambiguïté stratégique» américaine vis-à-vis de Taïwan, que les États-Unis ne reconnaissent pas comme État indépendant de la Chine, tout en l’aidant à se défendre.

Une sortie - sans surprise - peu appréciée par Pékin, que Joe Biden a pourtant réitérée quelques mois plus tard, en septembre 2022, dans l’émission 60 minutes sur CBS. À la question de savoir si les États-Unis défendraient Taïwan en cas d’invasion chinoise, il répondait «oui, si une attaque sans précédent venait à se produire». Obligeant un porte-parole de la Maison-Blanche à préciser que la politique de Washington vis-à-vis de Taïwan n’avait «pas changé».

Le cas Poutine

En mars 2022, un mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, Joe Biden s’en prenait également à Vladimir Poutine. «Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir», avait-il lancé lors d’une conférence de presse à Varsovie. Un conseiller de la Maison-Blanche avait éteint l’incendie en assurant que le président américain voulait dire «que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer son pouvoir sur ses voisins» et n'appelait pas à un «changement de régime».

Joe Biden était revenu à la charge quelques jours plus tard. «Je ne retire pas» ces propos et «je ne m’excuse pas», avait-il persisté. Et de préciser : «J’exprimais simplement mon indignation : il ne devrait pas rester au pouvoir, de la même manière que les méchants ne devraient pas continuer à faire de mauvaises choses, [...] mais cela ne signifie pas que nous ayons un changement de politique fondamental.»