Pourquoi Kate Middleton dit être « en rémission » de son cancer, et non « guérie » ?

Pourquoi Kate Middleton dit être « en rémission » de son cancer, et non « guérie » ?

Le 14 janvier, Kate Middleton s’est rendue à l’hôpital Royal Marsden de Londres, où elle a été traitée pour un cancer tout au long de l’année 2024.  Chris Jackson / REUTERS

Sur le plan médical, ce terme n’est jamais utilisé au hasard. Il reflète l’idée qu’en matière de cancer, il y a beaucoup d’incertitude.

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Pour la princesse de Galles, l’année 2025 semble mieux démarrer que la précédente. Mardi 14 janvier,Kate Middleton a officiellement annoncé être en rémission d’un cancer abdominal (un terme vague qui peut aussi bien désigner les intestins que les ovaires ou le pancréas), diagnostiqué un an auparavant. « C’est un soulagement d’être maintenant en rémission et je reste concentrée sur la guérison », a-t-elle publié sur son compte Instagram. Pourquoi évoque-t-elle une « rémission » plutôt qu’une « guérison » ? Réponse avec un spécialiste. 

« La rémission traduit la disparition partielle ou complète de la maladie cancéreuse, souvent après un examen d’imagerie, comme un scanner, une IRM, un TEP scanner, ou encore après une chirurgie destinée à enlever la tumeur », explique le Pr Claude Linassier, oncologue médical et directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins à l’Institut national du cancer. La rémission peut-être partielle - la tumeur a simplement réduit de volume mais d’autres traitements sont nécessaires - ou complète (les cellules cancéreuses semblent avoir totalement disparu). 

Un terme qui traduit l’incertitude

Pourquoi, dans ce second cas, ne pas directement parler de guérison ? « On ne peut jamais préjuger que cette disparition macroscopique traduit la mort de toutes les cellules du cancer à l’échelon microscopique et l’impossibilité d’une rechute après un temps de surveillance », répond le Pr Linassier. Autrement dit, même si les examens biologiques et d’imagerie laissent penser que le cancer a été vaincu, on ne peut jamais être certain qu’il ne reste pas d’irréductibles cellules cancéreuses. 

On ne peut jamais préjuger que cette disparition macroscopique traduit la mort de toutes les cellules du cancer à l’échelon microscopique et l’impossibilité d’une rechute après un temps de surveillance.

Pr Claude Linassier, oncologue médical et directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins à l’Institut national du cancer

Alors « au lieu de parler de guérison, comme on le fait au sujet d’une maladie infectieuse par exemple, on préfère parler de rémission complète », précise le cancérologue. Ce terme médical « introduit une notion d’incertitude, la possibilité d’une récidive de la tumeur et donc la nécessité d’une surveillance », poursuit-il. 

Quand une résurgence de cancer a lieu, c’est le plus souvent dans les deux premières années après la fin des traitements. Plus le temps passe, plus le risque de rechute diminue. « Il est lié à la survivance de cellules cancéreuses, qui peuvent rester quiescentes pendant plusieurs années (cellules dites “dormantes”) et qui peuvent se “réveiller” par des mécanismes mal connus », indique le Pr Claude Linassier. « Des récidives ont déjà été observées très longtemps après le diagnostic, mais cela est rare et, en règle générale, les récidives après dix ans sont exceptionnelles et elles sont peu fréquentes après cinq ans. »

En cancérologie, le mot « guérison » existe

Même si le mot « guérison » est rarement utilisé par les médecins dans leurs échanges avec des patients traités pour un cancer, il n’est pas à bannir non plus. Mais « ce n’est qu’après plusieurs années de surveillance que l’on peut s’aventurer à parler de guérison », fait valoir le Pr Linassier. 

Cette période de vigilance - qui s’étend au minimum sur cinq ans - dépend beaucoup du type de cancer. « Pour certaines tumeurs, comme une tumeur du testicule ou la maladie de Hodgkin, on peut parler de guérison dès cinq ans, illustre l’oncologue. Pour d’autres, même si le risque diminue avec le temps, la connaissance de la période à risque de récidive amène à prolonger la surveillance jusqu’à dix ans après la fin du traitement. » 

Passé ce délai, on estime que le patient a des chances élevées d’être “guéri” et qu’il a retrouvé la même espérance de vie que les personnes du même âge, du même sexe et n’ayant pas eu de cancer. Pour autant, le risque de rechute n’est jamais totalement nul et les patients doivent apprendre à vivre avec cette incertitude. Kate Middleton n’échappe pas à la règle. Son état de santé sera donc étroitement suivi au moins jusqu’en 2029. Passé cette échéance, si tout va bien, elle pourra s’estimer « guérie ».