Ce samedi 20 septembre au Petit Palais des Glaces, Raconte moi tout !, le premier spectacle de Sofiane Soch affiche complet (*). Le rodage dans les comedy clubs parisiens et au Vig’s à Marseille chez Gad Elmaleh est terminé, ce soir est la première. Dans la salle en forme de fer à cheval où résonne Y a Rayah de Rachid Taha, une centaine de spectateurs s’empressent de prendre place sur les bancs rouges. Le « vivre ensemble » est de mise. Le public va de 25 à 60 ans. Des avocats, architectes et cadres sup’ parisiens se mêlent aux « daronnes » venues avec leurs filles. Des bandes de copains en jogging capuche ont fait le déplacement. Malgré la pluie, certains viennent de loin, de Dreux, Beaune et Sens.
Les uns ont découvert cet attachant humoriste dans Comedy Classe d’Eric &Ramzy sur Amazon Prime. Les autres l’ont repéré dans un comedy club, au Paname, au Fridge de Kev Adams ou chez Jamel Debbouze. Un humoriste français qui a fait de bonnes études, élégant, qui parle du harcèlement scolaire, sensible avec les filles, fier de ses liens culturels avec l’Algérie et qui jongle avec les codes de banlieue, c’est unique. Le tout sans une once de vulgarité et sans parler géopolitique, cela fait du bien.
Passer la publicitéChaque samedi soir et jusqu’à janvier 2026, Sofiane Soch jouera ici ce premier spectacle. Mine de rien, l’exercice est très différent des passages de dix minutes de stand up en comedy club. Ici, il faut tenir le fil sur la durée, il y a beaucoup de textes et il faut être en rythme avec la musique et la lumière. Le cap est important. Si cet humoriste, l’une des révélations de l’année 2025, réussit ce passage, son nom brillera sur le fronton de salles de plus en plus grandes.
À peine est-il entré sur scène qu’on sait que la soirée sera réussie. Avec son visage expressif et sa capacité à incarner un personnage, il capte immédiatement l’attention. Il la gardera jusqu’à la fin. Dans la salle, les yeux brillent et les rires fusent. Même les maris qui ont suivi leurs épouses sont contents d’être là. L’écriture est fluide, il est à l’aise dans son jeu et la mise en scène signée Camille Lellouche est parfaite. Sans décor à l’exception d’un tapis et d’un micro sur pied, elle a rythmé la progression du show avec des jeux de lumière. Alors que le stand-up est un art figé, elle a eu l’idée de profiter d’un moment précis pour faire danser ce grand garçon d’1m95. Plus tard, quand le sujet se fait sérieux, la pénombre se fait et il s’assoit sur un tabouret.
L’inspiration du quotidien
Dans ce spectacle (55 minutes de texte écrit et 15 minutes d’improvisation), il raconte de façon percutante son quotidien. Il dévoile par exemple ce qu’il a fait des 50 000 euros après avoir remporté l’émission d’Eric &Ramzy, sa passion pour les commérages entre filles et son rapport au corps. Avoir été recalé à l’entrée d’une boîte de nuit parisienne au début de l’été l’a marqué. C’est la première fois de sa vie qu’il a été victime de discrimination. « Des fois, on oublie qu’on est arabe. On ne te dit plus »bougnoule« mais « tu fais trop hip-hop. « » En quoi ce garçon bien élevé, toujours habillé avec élégance a-t-il pu déplaire au physionomiste ? C’est une vraie question. L’humoriste a la délicatesse de ne pas donner le nom du lieu et c’est bien dommage, on serait allé demander des explications.
Comme pour beaucoup de jeunes humoristes, sa famille est un sujet d’inspiration. La grand-mère au mariage arrangé qui a élevé neuf enfants, la tante trisomique qui a son petit avis sur Un p’tit truc en + d’Artus et ses parents si attentifs aux études, forme un clan attachant. La soirée s’achève sur le coup de 23 heures sous des applaudissements nourris. Sofiane Soch n’a que deux trois ans de stand up derrière lui. Il prouve ici qu’il sait écrire et s’entourer des bonnes personnes. Il a osé investir ses économies pour s’autoproduire. Au fil du temps, son spectacle évoluera mais à la marge tant il est déjà drôle, sincère et touchant. À voir.
(*) Palais des Glaces, chaque samedi à 21h30 jusqu’à fin janvier 2026