Aléas climatiques : la ministre de la Transition écologique attise la querelle avec les assureurs privés

"Il y a un problème avec les assurances… il faut trouver d’autres modèles assurantiels", déclare la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, dimanche 26 janvier sur France 3. Alors que plusieurs départements sont en vigilance extrême pour crues et inondations, cette petite phrase semble en dire long sur les relations entre les pouvoirs publics et les assureurs privés. Le bilan dressé par la ministre a de quoi impressionner. "Les dégâts sont passés de quelques dizaines de millions d’euros à quelques milliards par an", dit-elle. Le constat – qui ressemble plus à une accusation – va plus loin quand Agnès Pannier-Runacher affirme que "les assureurs refusent d’assurer, proposent des primes d’assurance à des niveaux insoutenables ou proposent des franchises beaucoup trop élevées"

Agnès Pannier-Runacher s’appuie sur des chiffres précis. Elle cite notamment le rapport d’une chambre régionale de la Cour des comptes datant de décembre 2024. Selon ce rapport, 1 500 communes françaises se sont retrouvées récemment sans assurance ou contraintes de payer des sommes exorbitantes. La ministre de la Transition écologique met en évidence le sujet compliqué des responsabilités de chacun face aux aléas climatiques à répétition. Des épisodes qui provoquent de plus en plus de litiges et un engagement accru de l’État d’un côté, des assurances privées de l’autre.

Des responsabilités partagées

La responsabilité des compagnies d’assurance est d’indemniser au mieux les victimes, celle de l’État est d’intervenir en appui de ces assureurs privés dans certaines limites définies par la législation. Il y a pour cela la CCR (Caisse nationale de réassurance) qui arrive en dernier ressort. Les fonds privés ne peuvent pas tout, notamment face à des communes qui continuent – en toute légalité – d’autoriser des constructions en zones connues pour leurs risques, notamment le risque d'inondation. Devant ces cas encore trop fréquents, les assureurs refusent de plus en plus de garantir les biens trop exposés par laxisme, ou intérêt, de certains élus locaux, ou imposent volontairement des tarifs prohibitifs pour dissuader de s’installer dans ces zones.

L'idée de changer la loi est un vrai chantier de réflexion. Face à des assureurs privés soumis à la concurrence et donc à la guerre des prix, l’État doit-il être encore plus ferme qu’il ne l’est aujourd’hui pour les autorisations de construction dans les zones à risque ? La Caisse nationale de réassurance doit-elle voir ses moyens financiers renforcés malgré l’état actuel des finances publiques ? Agnès Pannier-Runacher ne fait qu’appuyer sur un point qui fait très mal, et qui n'est toujours pas résolu à ce jour malgré les catastrophes à répétition.