Mondial de handball 2025 : Charles Bolzinger, le gardien d'avenir des Bleus qui peut déjà marquer le présent
Un crâne dégarni prêt à s’inscrire dans la lignée de ceux de Thierry Omeyer et Vincent Gérard. Mais à 24 ans, Charles Bolzinger ne veut pas brûler les étapes. Troisième gardien des Bleus au début du Mondial de hand, le Montpelliérain a grimpé d'un rang après la blessure de Samir Bellahcene, contraint de quitter ses partenaires après le deuxième match face au Koweït.
L'occasion pour Charles Bolzinger de disputer deux matchs (Autriche et Pays-Bas, il n'a pas joué contre la Hongrie). La dernière rencontre du tour principal contre la Macédoine du Nord, samedi 25 janvier, alors que la France est déjà qualifiée en quarts de finale, devrait lui permettre d’obtenir du temps de jeu et de gagner en expérience.
Un grand perfectionniste. Si le sélectionneur Guillaume Gille juge son entrée dans la compétition "très intéressante", Charles Bolzinger n’est lui pas encore complètement satisfait de ses prestations, avec 30,2% d’arrêts depuis le début du Mondial. "Il y a eu des bonnes choses, mais il y a toujours des trucs à corriger, j’aurais pu en arrêter trois ou quatre de plus (jeudi soir, contre les Pays-Bas). Je suis toujours mitigé, parce que je veux aller plus haut", analyse le jeune gardien du haut de ses 19 sélections et de son mètre quatre-vingt-dix-huit.
Plus jeune gardien des Bleus en compétition internationale
Il faut dire que les attentes sont élevées autour de celui qui est le filleul de Branko Karabatic, père de Nikola et Luka, ancien gardien de but de l’équipe de Yougoslavie. Charles Bolzinger a grandi à Frontignan, comme les deux frères Karabatic, et leurs parents étaient proches. Formé à Montpellier, il a connu sa première sélection en janvier 2023 et est devenu le plus jeune gardien à jouer une compétition majeure en Bleu à 22 ans, sur un poste à maturité plus tardive. "Entre 27 et 28 ans habituellement", explique Jean-Luc Kieffer, entraîneur des gardiens de l’équipe de France.
Avec le MHB, où évolue également Rémi Desbonnet, gardien numéro 1 des Bleus, Charles Bolzinger explose lors de la saison 2022-2023, grâce à des performances remarquées en coupe d’Europe et un titre de meilleur gardien de la saison en championnat.
"Ça a été un peu le phénomène quand il a commencé à sortir des performances incroyables, concède Guillaume Gille, et derrière il faut stabiliser cela". "Il est en train de gravir progressivement les échelons, de valider certaines choses, explique Jean-Luc Kieffer. Je travaille avec lui toutes les semaines, sur les vidéos de ses matchs à Montpellier, sur sa gestuelle, pour trouver de la confiance. Et après ça va se développer à force de jouer et d’avoir quelques matchs référence au niveau international".
"Je ne me lève pas le matin en me disant que je suis le futur"
Le jeune gardien, lui, ne se met pas de pression quant à l’étiquette de "grande promesse" qui lui est attribuée. "J’essaye de me détacher de cela, je ne me lève pas le matin en me disant que je suis le futur. Je m’entraîne juste pour être le meilleur possible si on fait appel à moi. Ça n'a jamais été un poids parce que je n’y pense pas. Si on me dit que je suis premier gardien, je ferai tout pour être le meilleur, pareil si je suis deuxième ou troisième", affirme-t-il avec pragmatisme.
Après quelques apparitions lors du Mondial 2023, perdu en finale par l’équipe de France, le Montpelliérain a depuis davantage connu les tribunes, en tant que troisième gardien, lors de l’Euro 2024. Il n’était pas sélectionné pour les Jeux olympiques de Paris, mais a tout de même appris de ces expériences. "Au fur et à mesure des stages et des matchs, on est plus à l’aise dans le groupe, on se sent mieux, on s’exprime plus. Après il y a aussi l’appréhension de la compétition. Je me souviens de mon premier stage, j’avais des étoiles dans les yeux, je regardais tout le monde et je n’étais plus dans le but. Aujourd’hui il n’y a plus ce rapport-là, je ne suis plus dans l’observation, je suis acteur", assure-t-il.
Et s’il a la capacité d'"arrêter des balles incroyables", son apprentissage passe aussi par une progression "sur des balles autour de lui, sur lesquelles on travaille beaucoup avec la défense, où il faut être plus patient et ne pas partir trop vite avant le tir", selon Jean-Luc Kieffer. Avec la possibilité de s’inscrire dans la lignée des grands gardiens de l’équipe de France ? "Il a le potentiel et la carrure pour cela, mais il faut lui laisser le temps", préfère temporiser l’entraîneur des gardiens.