JO Paris 2024 : des dépenses revues à la hausse et un bilan économique modeste, pointe la Cour des comptes

Un an exactement après la fin des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, la Cour des comptes publie ce lundi son dernier rapport consacré à l’événement. Avec un premier enseignement : l’impact limité des Jeux sur l’économie française, du moins à court terme, avec un gain évalué seulement à 0,07 point du PIB en 2024. Pour le moyen et long terme, la Cour prévient qu’il est encore trop tôt pour jauger les répercussions de Paris 2024.

Certes, dans leur synthèse, les magistrats de la rue Cambon pointent l’effet positif des dépenses publiques d’infrastructures lors de la préparation des Jeux, mais ils notent aussitôt sa forte atténuation par la hausse des prix. Dans la même veine, les rentrées liées à la billetterie (12,1 millions de tickets acquittés, contre 11 millions à Londres en 2012, le précédent record) et aux droits de diffusion (5 milliards de téléspectateurs) ont pâti d’un phénomène d’éviction, notamment dans le tourisme avec plusieurs foyers de revenus pénalisés. On se souvient que plusieurs grandes institutions culturelles à Paris avaient insisté sur une fréquentation inexistante pendant cette période.

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« Outre ces effets d’éviction, l’organisation des Jeux s’est traduite par des perturbations encore difficiles à quantifier, souligne la Cour, notamment des restrictions de circulation et d’accès dans les zones d’accueils des compétitions et des cérémonies. » Là encore, on se souvient de la montée au créneau des commerçants, pour n’avoir pas travaillé cet été-là comme ils l’auraient souhaité.

Hausse des dépenses publiques

Ce bilan économique est à mettre en miroir avec l’ensemble des dépenses publiques, revues à la hausse par la Cour, qui parle de « fortes mobilisations » dans son ultime rapport. Tandis que les dépenses d’organisation passent de 2,77 à 3,02 milliards d’euros, celles liées aux infrastructures atteignent 3,63 milliards d’euros contre 3,19 milliards initialement. Sur ce volet, le Comité d’organisation (Cojop) n’est pas d’accord et il l’a déjà fait savoir à la Cour, par échange de courriers.

Sa contestation formelle a pour objet le périmètre très large des dépenses publiques qui sont imputées aux Jeux. Le Comité fait valoir que certains investissements sont programmés sur 30 ans et qu’ils ont été décidés avant le lancement de la candidature de Paris, comme le prolongement de la ligne 14 du métro ou encore le plan Baignade.

Parallèlement, le Cojop dit sa grande déception que la Cour ne se soit pas appliquée à elle-même ce qu’elle réclame très souvent dans ses travaux : estimer l’impact des Jeux sur les dépenses publiques s’ils ne s’étaient pas tenus à Paris. En revanche, le Comité se félicite du satisfecit octroyé à l’organisation globale de l’événement, au point qu’il soit érigé comme un nouveau standard pour la réception d’événements sportifs internationaux. Dès ses premiers rapports, la Cour avait éloigné le risque d’une dérive budgétaire. Le Cojop a finalement chiffré ses recettes à 4,49 milliards d’euros pour des dépenses de 4,41 milliards.

Jeux d’hiver 2030

La lecture du rapport publié lundi se révèle profitable également dans la perspective de la prochaine échéance olympique en France, les Jeux d’hiver en 2030. Dans le cadre de ses préconisations (qui terminent son étude), la Cour se projette pour l’essentiel vers ce nouvel événement prévu dans l’Hexagone et recommande explicitement de limiter le nombre d’instances de coordination pendant la phase préparatoire, de manière à resserrer la gouvernance pendant la phase opérationnelle.

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Toujours à l’horizon 2030, les magistrats de la rue Cambon militent pour un fonctionnement plus efficace du conseil d’administration des structures organisatrices - en veillant notamment à la communication des travaux des différents comités. Ce point est complété par un autre conseil insistant : veiller à l’indépendance, à l’adéquation des moyens et à la transparence des travaux des comités d’audit, d’éthique et des rémunérations, pour mieux conseiller les instances dirigeantes et alerter les tutelles.