Automobiles 4×4: les papys font de la résistance

Ils ne sont plus que deux - le Classe G de Mercedes et le Defender de Land Rover - mais ils ne passent pas inaperçus dans le flot de la circulation, toisant, avec leurs grosses roues et leur garde au sol surélevée, les autres véhicules. Ces 4×4 sont, ce que l’on a coutume de surnommer, des dinosaures de l’automobile. Ils semblent s’accrocher aux branches. À la différence d’autres régions du monde où ils sont encensés, chez nous, ils sont souvent regardés avec exaspération lorsque ce n’est pas avec dédain. Ils sont le symbole de ce que l’on veut supprimer. Trop volumineux, trop polluants. De notre petite fenêtre, au moment où la Commission européenne enjoint les automobilistes à se convertir à la propulsion électrique, ils font presque figure d’incongruité avec leurs gros moteurs réservés habituellement aux berlines ou aux coupés sportifs.

En version thermique, le Mercedes Classe G n’est plus disponible qu’avec les moteurs à essence les plus puissants. Il intègre le dernier système d’infodivertissement reposant sur une dalle numérique, le démarrage sans clé Keyless-Go, les porte-gobelets à température contrôlée, une installation hi-fi digne d’une salle de concert. Daimler AG - Global Communication / Mercedes-Benz AG

La Mercedes défile le temps qui passe. Elle nous accompagne depuis 1979. Au fil des ans, elle n’a jamais cessé d’évoluer, autant pour améliorer l’ensemble de ses prestations que pour se conformer à une législation de plus en plus draconienne. Dernièrement, elle a encore bénéficié d’une foule de perfectionnements, gagnant en raffinement et en fonctionnalité. Comme les berlines et les SUV de la firme à l’étoile, le Classe G intègre désormais le dernier système d’infodivertissement reposant sur une dalle numérique, le démarrage sans clé Keyless-Go, les porte-gobelets à température contrôlée, une installation hi-fi digne d’une salle de concert, une personnalisation aussi poussée que les ambassadeurs du luxe et l’inédite suspension adaptative du roadster SL. Ce n’était certainement pas prévu au départ mais le vétéran allemand a fini par se décliner en version sportive AMG. En parallèle de la commercialisation d’une version électrique, la Mercedes Classe G est toujours proposée avec un 6-cylindres en ligne 3 litres turbo de 449 ch (G 500) à 171.701 euros et avec un V8 4 litres biturbo de 585 ch (G 63 AMG) facturé tout de même 207.051 euros, hors malus de 70.000 euros. Les deux mécaniques disposent d’une hybridation légère 48V.

De son côté, le Defender, la mère de tous les 4×4, a été renouvelé en 2020 au terme de bien des atermoiements. Fallait-il casser le moule au risque d’y laisser son âme, ou s’inscrire dans une certaine forme de continuité qui aurait fait passer le Defender pour un arriéré incapable de se remettre en question ? Aucune solution n’était pleinement satisfaisante, et le constructeur a finalement tranché en faveur de la première option. Le résultat est un véritable choc. Même si le modelé des formes de la cabine évoque toujours le modèle précédent, le nouveau Defender coupe vraiment le cordon ombilical avec son aîné arrêté en 2016 après soixante-huit ans de carrière. Remis en selle, le Defender se décline depuis quelques semaines en version Octa équipée du V8 4,4 litres provenant de la banque d’organes BMW.

Capables de grimper aux arbres

Ces deux engins à la dent dure déménagent. Ces deux 4×4 d’exception sont capables de rivaliser avec une GT en performances. Le G 63 AMG n’a besoin que de 4,4 secondes pour atteindre les 100 km/h. Et sa vitesse de pointe est fixée à 220 km/h. Le 4×4 anglais fait mieux : à peine 4 secondes pour franchir le cap des 100 km/h et une vitesse maximale de 250 km/h. Cette démonstration de force a ses contreparties. Les émissions de CO2 inscrites sur leurs fiches techniques sont certes de nature à soulever l’indignation des apôtres de l’écologie, mais on oublie trop souvent qu’une voiture pollue lorsqu’elle roule. Or, selon les constructeurs, ces véhicules n’effectuent guère plus que quelques centaines de kilomètres par an. Résultat : leur bilan carbone est souvent moins élevé que certains véhicules affublés d’une vignette Crit’Air 3.

On les croise principalement à Paris, dans les stations de sport d’hiver huppées ou dans les repaires de villégiature privilégiés que sont le Cap Ferret et certaines communes de la Côte d’Azur. Leur présence pourra soulever l’indignation auprès d’une certaine population mais ces véhicules sont surtout appréciés pour leur polyvalence d’usage. Corvéables à merci, ces 4×4 sont de véritables couteaux suisses, galvanisant les occupants sur la route et les rassurant lorsque l’environnement devient franchement hostile.

Ces deux véhicules défient quasiment toutes les difficultés. Il faudrait vraiment le faire exprès pour rester planté. Ils ne flanchent jamais devant l’obstacle. Ils sont capables de grimper aux arbres. Personne ne le fera jamais mais tous les conducteurs de ces 4×4 savent qu’ils pourraient le faire, ce qui change tout.