Gironde : un couple rase sa maison, construite sur des terres classées en AOC Saint-Julien, pour y planter des vignes

Gironde : un couple rase sa maison, construite sur des terres classées en AOC Saint-Julien, pour y planter des vignes

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Après une quinzaine d’années à travailler l’étranger, Daniel Eliceche est revenu sur ses terres natales où il a planté des vignes en AOC Saint-Julien. Daniel Eliceche / Evoke

Daniel Eliceche, un enfant du pays, et son épouse Ligia, ont fait une affaire en or en 2017 en rachetant à petit prix une vieille maison construite sur d’anciennes vignes en AOC Saint-Julien, une des appellations les plus prestigieuses au monde.

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Ils ont trouvé la perle rare sur Leboncoin en 2017. Originaire de Saint-Julien-Beychevelle, un village girondin de 621 âmes réputé pour son vin, où ses parents cultivent les vignes du Château Finegrave, Daniel Eliceche travaillait depuis 15 ans à l’étranger quand il a décidé de revenir au pays, accompagné de son épouse, Ligia. Dès la visite de la maison qu’il a acquise pour environ 200.000 euros, le couple découvre qu’elle est pour partie érigée sur des terres viticoles qui ont été classées en AOC Saint-Julien.

Une perle rare. Dans ce village de 16,3 km2, les terres agricoles qui se vendent le sont à prix d’or (1,8 million d’euros/hectare selon l’estimation en 2023 de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural en Nouvelle-Aquitaine). «Si cette parcelle avait été plantée, elle aurait été achetée par un grand château du coin car il y a très peu de transactions dans le village. Sans cette maison, nous n’aurions jamais pu trouver des parcelles en AOC Saint-Julien», explique ainsi Daniel Eliceche.

Une terre plus riche que la maison

Seul hic : une bonne partie des terres éligibles à l’appellation AOC était située sous la maison. Après quelques hésitations, le couple l’a donc rasée pour obtenir une surface de 20 ares en AOC Saint-Julien (soit 2000 mètres carrés) et a pu y planter des vignes dès 2019. Six ans plus tard, il s’apprête à vendre son premier millésime mis en barrique en 2021. Sur sa petite parcelle, Daniel Eliceche produit cinq barriques et demie par an, soit 70 magnums dont le nom de la cuvée, «Evoke», est gravé à la main par madame d’une inscription à la feuille d’or 24 carats. «Chaque Magnum est numéroté et valorisé comme une œuvre d’art unique», précise le vigneron qui commercialise la bouteille entre 150 euros (sans son coffret) et 250 euros (avec son coffret).

Une petite et noble production qui ne permet cependant pas au couple de vivre des revenus de la vigne. Depuis le début de cette aventure, le couple - qui a pu bénéficier de l’aide et de l’expertise familiale - cultive et vendange ses vignes le soir et les week-ends. «On pourrait revendre facilement pour le double du prix d’achat, mais ce n’est pas du tout l’envie. Au contraire, cette parcelle vient consolider l’ancrage familial dans la commune de Saint-Julien», confie Daniel Eliceche.

Le vigneron, qui assure que «les grands châteaux» alentour sont «très bienveillants» envers sa démarche, espère que le temps rendra encore meilleur le fruit de cette jeune vigne plantée en cabernet sauvignon et de ce vin monocépage. En parallèle, le couple cultive également des pieds de syrah sur une parcelle attenante. Ces premiers magnums, du millésime 2021, sont à la vente en direct depuis janvier.

Les magnums Evoke sont gravés à la feuille d’or 24 carats. Daniel Eliceche / Evoke