«J’aime cet environnement sain et paisible»: Marinette Pichon, du football au soccer une aventure québécoise

Cet article est extrait du Figaro Hors-Série Canada «D’Est en Ouest - Vivre au Canada n°4».


En février 2019, Georges Tissot, directeur de l’Association régionale de soccer du Lac-Saint-Louis au Québec, est au téléphone, pensant qu’on lui joue une blague : « Êtes-vous Marinette Pichon ? » demande-t-il. « J’ai vu votre CV dans ma boîte courriel, je suis intéressé... »

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En mars, le contrat est signé : la légende du football français devient entraîneuse du programme sports-études de la région de Montréal.
Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, Marinette Pichon, c’est, entre 1994 et 2006, un total de 81 buts en 112 sélections en équipe de France, un record seulement défait en 2020 par Eugénie Le Sommer. C’est aussi la première footballeuse française à évoluer professionnellement aux États-Unis et à y remporter le titre de meilleure joueuse de la ligue en 2003.
Pionnière du foot féminin, elle s’est battue pour l’égalité avec les hommes dans ce sport. Elle a été également une des premières sportives à révéler publiquement son homosexualité et la deuxième femme française à se voir accorder un congé paternité après son mariage en 2013.

7 valises et 11 cartons en main

Tout est né d’une réflexion rapide : « Je pensais avoir fait le tour de mon travail de commentatrice sportive et voulais un nouveau challenge. Nous avions envie, avec ma conjointe (l’ex-championne de basket handisport Ingrid Moatti), de partir à l’étranger et le Québec nous est apparu comme une évidence, un pays où le sport féminin est mis en avant et une province francophone où elles pourraient donner une éducation en français à leur fils alors âgé de 6 ans ».

Arrivée avec seulement 7 valises et 11 cartons, la famille trouve rapidement ses marques. Recherche d’un logement, école pour leur fils, intégration dans la culture québécoise : tout semble ici plus simple pour cette battante qui, toute sa vie, a cru en ses rêves et la réussite de ses projets.

Après un passage en tant que directrice générale du club de soccer de LaSalle, elle postule en juin 2024 au poste de directrice sportive du tout jeune club des Roses de Montréal. Le nouveau club va inaugurer, avec 5 autres équipes canadiennes, la Super Ligue du Nord (SLN), une nouvelle compétition nationale qui affiche de grandes ambitions.

Une aventure humaine avant tout

Pour obtenir ce nouveau poste où elle est en concurrence, elle vante bien sûr ses « multiples expériences, mais aussi son côté passionné et son humanité », deux valeurs qui achèvent de convaincre ses employeurs.
Lors du recrutement de ses joueuses, ce sont ces mêmes valeurs qu’elle défend : « Je ne leur vends pas du rêve et j’ai refusé de bonnes joueuses qui me semblaient trop individualistes, car, pour moi, l’aspect collectif est fondamental, c’est le projet qui porte le groupe et pas l’inverse, comme cela se passe parfois ».

Ici, les choses se déroulent simplement, il y a moins de tracasseries quotidiennes et de problèmes liés à la hiérarchie

Marinette Pichon
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Lorsqu’on lui parle de sa nouvelle vie québécoise, elle se déclare épanouie à 100 % : « J’aime cet environnement sain et paisible. Ici, les choses se déroulent simplement, il y a moins de tracasseries quotidiennes et de problèmes liés à la hiérarchie ».

Du Québec, elle apprécie « la qualité de vie, la culture et le mélange ethnique, la liberté dans l’habillement et dans les relations, le naturel et la décontraction des gens, sans oublier l’ambiance plus sereine et sécuritaire pour les minorités LGBT+ ».

Actuellement résidente permanente, Marinette envisage de demander bientôt, avec sa conjointe, la nationalité canadienne.
Elle se déclare fière de ce qu’elle a déjà construit outre-Atlantique et compte bien poursuivre encore longtemps son aventure québécoise.