Recul de la coalition FNSEA-JA aux Chambres d’agriculture
Gérard Le Puill
Lors, d’un point de presse tenu hier soir après 22 heurs à Paris, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a laissé entendre que la Coordination rurale allait gagner près d’une quinzaine de chambres départementales dans le cadre du scrutin qui s’est déroulé du 15 au 31 janvier. Il met ce résultat sur le compte de la colère paysanne face à la politique du gouvernement français et de la Commission européenne.
Depuis plusieurs jours, la conférence de presse commune de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et du syndicat Jeunes agriculteurs, qui regroupe les moins de 35 ans, était annoncée hier soir à 21H30. Mais nous étions informés qu’elle pourrait débuter plus tard en fonction des résultats communiqués par les préfectures. Finalement elle débutait après 22 heures devant une trentaine de journalistes. Toutefois, les résultats connus concernant cette élection qui s’est déroulée du 15 au 31 janvier dans 97 chambres départementales de la métropole et des outre-mer n’étaient encore que partiels, ce qui a motivé ce propos prudents d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA :
« Dans 83 chambres dont on connait la liste, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs sont arrivées en tête dans 80% des cas, ce qui signifie qu’il a eu un basculement dans une quinzaine de chambres. Ce soir nous enregistrons une victoire sans triomphalisme. La colère des agriculteurs s’est exprimée devant un sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics. Les agriculteurs n’ont plus foi en l’avenir. Nous avions pourtant alerté le gouvernement pour montrer que les agriculteurs perdent confiance et nous avons porté le goût d’entreprendre dans les territoires. Nous sommes et resterons des syndicats de solutions pour donner un avenir aux agriculteurs. La colère n’est pas un projet et nous cultiverons le goût d’entreprendre »
Des revenus en forte baisse depuis deux ans
Si la colère n’est pas un projet, elle avait depuis longtemps des bonnes raisons de s’exprimer dans une profession où le revenu n’est jamais garanti d’avance en raison de l’incertitude permanente concernant la fixation des pris agricoles. Ces derniers ont été anormalement bas depuis deux ans dans presque toutes les filières de production. Au nom des Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel a expliqué le recul de l’influence de son syndicat et de la FNSEA « par la colère contre la situation difficiles des paysans ». Ajourons que l’actuel président de la FNSEA se trouve à la tête d’une exploitation céréalière de plus de 700 hectares en Seine-et-Marne. Il perçoit, de ce fait beaucoup d’aides à l’hectare du budget de la Politique agricole commune (PAC), ce qui a pu accentuer la colère de beaucoup de paysans sur des exploitants de moindre superficie que la moyenne nationale d’’environ 68 hectares.
En attendant les résultats définitifs, Arnaud Rousseau a laissé entendre que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs allaient perdre la gestion d’une quinzaine des chambres départementales, notamment en Nouvelle Aquitaine. En Occitanie, il s’est déclaré surpris par la perte de la chambre du département de la Lozère au profit de la Coordination Rurale. Il se disait aussi que la Confédération paysanne avait gagné l’Ardèche mais nous n’en n’avions pas confirmation ce vendredi matin. Autre syndicat paysan, le MODEF n’était présent que dans 17 départements. Il fut le premier syndicat par les dissidents de la FNSEA au moment de ma mise en place du marché commun agricole, mais il n’a jamais été présent dans tous les départements. Alors que nous sommes à deux semaines de l’ouverture du Salon de l’Agriculture à Paris, Arnaud Rousseau a déclaré hier soir que « tout ne se calmera pas après les élections aux chambres car les attentes sont fortes ».
Vérifier « l’origine France » des produits au moment d’acheter
Interrogé ce matin à 8H30 sur BFMTV, Dominique Schelcher, président de la chaîne de distribution système U, qui dispose d’un statut de coopérative, a déclaré que certains prix avaient baissé dans les magasins, citant notamment les produits à base de céréales, sans toutefois en donner l’explication. Or, le prix de la tonne de blé tendre rendue au port de Rouen ne cotait que 227€ le 4 février 2025 contre 300€ deux ans plus tôt. Ce va veut dire que le prix au départ de la ferme est inférieur à 200€ la tonne, ce qui ne couvre pas les coûts de production. Or cette baisse est imputable aux facilités donnée à l’Ukraine pour exporter son blé dans les pays membres de l’Union européenne depuis deux ans. Ce qui est vrai pour le blé l’est également pour les viandes de volailles et les œufs. Les exportations d’œufs par l’Ukraine en Europe on augmenté de 61,6% en 2024 par rapport à 2023 et ces des viandes de volailles beaucoup plus.
Evoquant, le recul du pouvoir d’achat de nombreux ménages en France, Dominique Schelcher, a indiqué qu’il y a moins de produits dans les caddies et que les clients ne voient pas les prix qui baissent quand d’autres, comme les café et le chocolat, sont en forte hausse. Notons qu’il a tout de même affirmé que le meilleur moyen d’aider nos agriculteurs est de « vérifier l’origine France des produits » proposés dans les linéaires des grandes surfaces au moment d’acheter. Il a également affirmé que les trois versions de la loi Egalim votées en France depuis 2018 n’ont pas permis de rémunérer à sa juste valeur le travail des producteurs de matières premières que sont les agriculteurs .
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