Les petits soldats de l'Arménie : des bébés contre le dépeuplement
Après la guerre de 2020 avec l’Azerbaïdjan, l’Arménie a perdu le contrôle d'une grande partie de son territoire : le Haut-Karabakh. Aujourd’hui, ce petit pays de 3 millions d’habitants reste constamment menacé, face aux velléités persistantes de son voisin azéri.
Entre les pertes liées à la guerre, les problèmes d’infertilité - très forte en Arménie -, le faible taux de fécondité des femmes et l’émigration, le pays connaît une sérieuse crise démographique. Il a perdu 300 000 habitants en vingt ans et pourrait en perdre 800 000 dans les dix prochaines années.
Face à ce déclin démographique, le Premier ministre Nikol Pashinyan a déclaré dès 2019 l’objectif de 5 millions d’habitants en Arménie en 2050. Le gouvernement a alors lancé un programme d’aides à la fertilité, considérablement renforcé au fil des années : une politique nataliste volontariste, afin d'éviter que la population arménienne ne vienne à disparaître.
Les autorités ont ainsi modifié les lois sur la PMA et financent notamment des FIV jusqu’à l'âge de 53 ans pour les mères des soldats tombés en 2020, et si besoin, rémunère des mères porteuses pour aider ces familles qui ont perdu un fils au combat à avoir d'autres enfants. Une centaine de bébés sont nés dans le cadre de ce programme.
Mais comment élever à nouveau des enfants lorsque le deuil est encore présent ? Lernik, père d’un enfant né grâce à ce programme, explique que "ce bébé donne un nouveau sens à notre vie, et plus d’enfants, cela veut dire plus de soldats, et donc plus de protecteurs de la patrie". Certaines voix s’élèvent toutefois pour critiquer une politique nataliste orientée vers la défense de la patrie. Les autorités ont, au départ, privilégié les familles de militaires, mais aussi les couples à la frontière.
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