Guerre en Ukraine, menace russe, États-Unis, défense européenne... Ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Emmanuel Macron

Répondre aux «inquiétudes» des Français sur la guerre en Ukraine. C’est ce à quoi s’est attelé mercredi soir Emmanuel Macron dans une allocution diffusée depuis l’Élysée à 20 heures. Alors que le monde connaît une bascule géopolitique sans précédent depuis 1945, les États-Unis ayant décidé de suspendre leur aide militaire à Kiev après l’affrontement historique entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, les leaders européens s’activent pour combler le vide laissé par le pays de l’Oncle Sam. Et rendre le Vieux continent moins dépendant des États-Unis en matière de défense. Ce vieux serpent de mer de la construction européenne, il en sera question lors d’un sommet extraordinaire de l’UE prévu ce jeudi à Bruxelles.

Avant de recevoir à dîner à l’Élysée le premier ministre hongrois Viktor Orban, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, le chef de l’État s’est adressé une petite quinzaine de minutes devant ses compatriotes. Au lendemain du discours du discours sur l’état de l’Union du président américain, qui a affirmé que son homologue ukrainien était prêt à négocier une «paix durable» avec la Russie, Emmanuel Macron a rappelé que «le chemin qui mène à la paix ne peut pas être la capitulation» de Kiev. Le Figaro vous résume ce qu’il faut retenir de l’intervention télévisée du président de la République.

«La menace russe est là et touche tous les pays d’Europe»

Trois ans après le début de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a rappelé que le conflit «a entraîné près d’un million de morts et de blessés, continue avec la même intensité.» Déplorant que «les États-Unis, notre allié, ont changé leur position sur cette guerre, soutiennent moins l’Ukraine, et laissent planer le doute sur la suite». En clair, «notre prospérité et notre sécurité» en Europe «sont devenues plus incertaines», a ajouté le président de la République selon qui «nous rentrons dans une nouvelle ère.»

Selon le chef de l’État, «la menace russe est là et touche les pays d’Europe, nous touche», avant d’accuser «la Russie de faire du conflit ukrainien un conflit mondial.» Et d’enfoncer le clou : «La Russie teste nos limites : dans les airs, en mer, dans l’espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.» Observant que la Russie «continue de se réarmer», Emmanuel Macron a fait mine de s’interroger : «Qui peut donc croire dans ce contexte que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ? La Russie est devenue (...) une menace pour la France et pour l’Europe.»

Pour Macron, «la paix ne peut pas être à n’importe quel prix»

Comme une réponse à Donald Trump, Emmanuel Macron refuse de «rester spectateur» face au conflit russo-ukrainien. «La paix ne peut pas être à n’importe quel prix. La paix ne peut pas être la capitulation de l’Ukraine, ne peut pas être son effondrement ou un cessez-le-feu qui serait trop fragile», a-t-il assuré, en référence au non-respect russe des accords de Minsk. «Aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur la parole». «L’Ukraine a droit à la paix et la sécurité pour elle-même et c’est notre intérêt et c’est l’intérêt de la sécurité du continent européen», a-t-il déclaré.

Défense : Macron promet des «investissements supplémentaires» sans augmenter les impôts

Si le président de la République «veut croire que les États-Unis resteront à nos côtés», «il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas». Et d’exhorter les États européens, avant la réunion de jeudi, à «être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression.» «L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou. La menace revient à l’est. L’innocence des 30 dernières années, depuis la chute du mur de Berlin, est désormais révolue», a-t-il encore martelé à l’égard de ses partenaires européens.

«Quoiqu’il advienne, il nous faut nous équiper davantage», a insisté Emmanuel Macron, qui promet des «investissements supplémentaires» dans la défense française sans pour autant augmenter les impôts dans l’Hexagone. «Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables», a-t-il prédit, sommant le gouvernement, les «forces politiques, économiques et syndicales» de «faire des propositions à l’aune de ce nouveau contexte». «Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d’hier», a tonné le président de la République.

Dissuasion nucléaire : «La décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République»

Alors qu’Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’élargir la dissuasion nucléaire française à l’Europe, il a voulu se montrer rassurant. «(Elle) nous protège. Elle est complète, souveraine, française de bout en bout», a-t-il assuré. Tout an annonçant l’ouverture d’un «débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen», il a précisé que « quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République».

La France réunira à Paris les chefs d’état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine

La France réunira la semaine prochaine à Paris les chefs d’état-major des pays prêts à garantir une future paix en Ukraine, a annoncé Emmanuel Macron. Cette dernière «passera aussi, peut-être, par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n’iraient pas se battre aujourd’hui, elles n’iraient pas se battre sur la ligne de front, mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect», a dit le chef de l’État.