On ne peut se prélasser uniquement en relisant Temps et récit de Paul Ricœur, dont Emmanuel Macron fut l’assistant éditorial. Au détour d’une interview au Monde, dans laquelle il rembobine sa trajectoire dans le cinéma, analyse la petite bourgeoisie ou Le Bourgeois gentilhomme (il l’interprète au théâtre), Jean-Paul Rouve a confié avoir reçu une demande présidentielle concernant Les Tuche 5.

« Tous les hommes politiques que j’ai croisés ont vu Les Tuche. Pour le dernier (sorti en février, NDR), j’ai même eu un coup de fil de Macron pour me demander un lien de visionnage. Ça me fait marrer, parce qu’on fait juste de la vanne, on ne dit aucune vérité, il n’y a pas de philosophie derrière. Il faut faire attention, d’ailleurs. Et surtout ne pas tomber dans un populisme car il n’y a rien de pire que cela », estime l’acteur de 58 ans dans Le Monde.

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Quatorze millions de tickets

Le chef de l’État aura fait une infidélité au cinéma des années 1960 et 1970 qu’il dit affectionner. À la dureté de Lino Ventura dans Le Deuxième Souffle  (1966), à la gouaille joyeuse et cinglante des Tontons flingueurs (1963) qu’il présente, sans prendre beaucoup de risques, comme l’un de ses films préférés. Raoul Volfoni laisse place à Jeff Tuche, chef de famille clownesque et bas du front.

Une façon de prendre le pouls du pays, de comprendre ce qui le fait sourire en ces temps politiquement incertains ? Les Tuche, une famille modeste et sonore catapultée au palais de l’Élysée, ont rassemblé quatorze millions de spectateurs depuis 2011. Le dernier volet sorti en février, God Save The Tuche, en a réuni près de trois millions, ce qui en fait l’un des cinq plus gros succès de l’année 2025 à ce jour.

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Trois millions de courageux ou de masochistes, selon Le Figaro. Notre critique a souffert en visionnant cette comédie balourde. « Les Tuche en Angleterre, c’est l’idée de génie de ce cinquième volet, après l’Amérique, Monaco ou l’Élysée - il aurait fallu vérifier l’ordre exact mais la Convention de Genève interdit de visionner les quatre premiers Tuche dans un laps de temps si court », précise-t-il.

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron se penche sur une production cinématographique dans l’actualité. Il avait visionné en 2019 Les Misérables de Ladj Ly, dans un registre bien différent. Ce brûlot dénonçant la détresse sociale et morale des banlieues avait, paraît-il, « bouleversé » le président.

Le dernier opus des Tuche fait certes appel à une tout autre gamme de sentiments. Mais Jean-Paul Rouve défend une certaine justesse sociologique dans cette saga au ton très léger : « Les Tuche parle du Nord, du chômage, des milieux populaires », assurait-il il y a quelques années.