Christopher Nolan : le tournage de L’Odyssée au Sahara occidental suscite des critiques

L’Odyssée  est une épopée parsemée d’embûches. En plein tournage de son prochain long-métrage inspiré du récit d’Homère et dans lequel apparaîtront à l’écran Matt DamonTom Holland et Zendaya, le réalisateur Christopher Nolan a provoqué la colère des habitants de la ville de Dakhla. Les organisateurs du Festival International du film du Sahara occidental ont reproché lundi au cinéaste d’avoir tourné une partie de son film dans cette région occupée par le Maroc depuis plus de 50 ans. Un acte qui pourrait « contribuer à normaliser des décennies de répression », relate le Guardian .

« [Dakhla est certes] un lieu magnifique avec des dunes de sable dignes d’un décor de cinéma, mais il s’agit avant tout d’une ville occupée et militarisée, dont la population autochtone sahraouie est soumise à une répression brutale », regrettent les organisateurs du festival. La ville côtière, située à l’ouest de la Mauritanie et au sud du Maroc, a été annexée en 1975 par le Royaume chérifien, au départ des troupes espagnoles. Depuis une cinquantaine d’années, le territoire est revendiqué par la République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Front Polisario en 1976. Cette organisation, qui s’appuie sur le soutien de l’Algérie, réclame l’indépendance totale du Sahara occidental.

Matt Damon sera Ulysse dans le prochain film de Christopher Nolan. Universal Studios
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Un mur construit entre les deux territoires

L’annonce d’un cessez-le-feu en 1991 a donné 80 % du contrôle du territoire au Maroc, et seulement 20 % au Front Polisario. Une longue ceinture de sécurité, baptisée le « mur marocain », sépare les deux régions. Le secrétaire général des Nations Unies a noté l’an passé que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme n’avait pas été autorisé à accéder au territoire depuis 2015, et qu’il « continuait de recevoir des allégations de violations des droits de l’homme, notamment d’intimidation, de surveillance et de discrimination à l’encontre de Sahraouis ».

L’ONG Reporter Sans Frontières a plus récemment qualifié le Sahara occidental de « désert pour les journalistes », ajoutant que « la torture, les arrestations, les violences physiques, les persécutions, les intimidations, le harcèlement, la calomnie, la diffamation, le sabotage technologique et les longues peines de prison sont le lot quotidien des journalistes sahraouis », rappelle le Guardian.

Appel au soutien de Christopher Nolan

Du côté de la direction du Festival International du film du Sahara occidental, on reproche à Christopher Nolan et à son équipe de « contribuer, peut-être sans le savoir et sans le vouloir, à la répression du peuple sahraoui par le Maroc et aux efforts du régime marocain pour normaliser son occupation du Sahara occidental ». L’organisme ajoute : « Nous sommes convaincus que s’ils comprenaient toutes les implications du tournage d’un film très médiatisé dans un territoire où les peuples autochtones ne peuvent pas réaliser leurs propres films sur leur histoire sous l’occupation, Nolan et son équipe seraient horrifiés. » 

Le Maroc accueille avec les honneurs les personnes qui l’aident à vendre son discours selon lequel le Sahara occidental leur appartient

Festival International du film du Sahara occidental

Le Festival International du film du Sahara occidental appelle ainsi le réalisateur à « se solidariser avec le peuple sahraoui, [...] emprisonné et torturé [depuis 50 ans] pour sa lutte pacifique en faveur de l’autodétermination ». Et dénonce par la même occasion la stratégie du Maroc qui « accueille avec les honneurs les personnes qui l’aident à vendre son discours selon lequel le Sahara occidental leur appartient et que les Sahraouis sont satisfaits de vivre sous son autorité ». L’organisation attend une réponse de Christopher Nolan. La sortie de son film L’Odyssée est prévue le 17 juillet 2026.