«Un revirement radical» : le milliardaire Peter Thiel vend toutes ses actions Nvidia sur fond de crainte d’une bulle IA
Le co-fondateur de PayPal et Palantir avait déjà comparé la situation actuelle du secteur de l’intelligence artificielle à la bulle internet de 1999. Il vient de recentrer son portefeuille autour d’Apple, Microsoft et Tesla.
Passer la publicité Passer la publicitéDes dizaines de milliers de transactions s’opèrent chaque seconde sur les marchés financiers mondiaux, dont la grande majorité dans l’anonymat le plus complet. Mais lorsque l’une d’entre elles concerne Nvidia, première capitalisation boursière mondiale, et le célèbre investisseur milliardaire Peter Thiel, c’est tout de suite plus spectaculaire.
Le Germano-américain de 58 ans est un fin connaisseur de la Silicon Valley puisqu’il a cofondé plusieurs grandes entreprises de la tech comme PayPal et Palantir et a siégé au conseil d’administration de Meta (ex-Facebook). Il vient de se séparer de l’intégralité de ses actions Nvidia, soit 537.000 actions, représentant près de 40% du portefeuille de son fonds spéculatif Thiel Macro LLC. C’est ce que révèle son dernier formulaire «13F», un document réglementaire que doivent déposer auprès de la SEC - le régulateur boursier américain - toutes les structures qui gèrent au moins 100 millions de dollars d’actifs dans des actions américaines cotées.
Passer la publicitéUn tel désengagement est loin d’être anodin alors que Nvidia n’a jamais été aussi recherchée en Bourse : le géant américain des puces électroniques à destination de l’IA générative est récemment devenu la toute première entreprise de l’histoire à dépasser la barre des 5000 milliards de dollars de capitalisation. Mais de plus en plus d’observateurs jugent excessives les valorisations du secteur de l’IA, et redoutent l’éclatement d’une bulle.
Achat d’actions Apple et Microsoft
Ainsi, on apprenait la semaine dernière que Michael Burry avait parié plus de 9 millions de dollars sur une chute des cours des actions de Palantir et Nvidia. L’investisseur américain est célèbre depuis qu’il a fait fortune en anticipant la crise des subprimes en 2007-2008. Ce «casse du siècle» a été raconté dans un roman de Michael Lewis paru en 2010, puis porté à l’écran au cinéma en 2015, dans le film The Big Short. Michael Burry reproche notamment à plusieurs grands noms de la tech de gonfler artificiellement leurs résultats, et donc leur valorisation.
Peter Thiel a lui-même déjà émis des réserves au sujet des valorisations galopantes du secteur, comparant par exemple la situation actuelle de l’IA à la bulle internet de 1999. En juillet 2024, à l’occasion du Festival d’Idées d’Aspen (Colorado, États-Unis), il avait jugé «très étrange» que la grande majorité des revenus générés par l’IA proviennent d’une seule entreprise, Nvidia. Est-ce ce scepticisme qui l’a convaincu de tout vendre ? Le milliardaire n’a pas encore émis le moindre commentaire.
Le média américain TheStreet, spécialisé dans l’investissement, parle en tout cas du «revirement le plus radical de l’année parmi tous les grands investisseurs de la tech». Au-delà de la vente des actions Nvidia, Peter Thiel a fait le grand ménage dans son fonds. Le montant d’actifs sous gestion a été réduit de deux tiers, passant de 212 millions de dollars au deuxième trimestre à 74,4 millions au troisième trimestre. Surtout, il s’est recentré autour de seulement trois entreprises : Apple (27% du portefeuille), Microsoft (34%) et Tesla (39%), dont le poids a été considérablement réduit (-77% avec la vente de 207.613 actions).
«Thiel s’est tourné vers Microsoft et Apple, des géants technologiques avec des sources de revenus plus diversifiées, analyse The Street. Il estime que l’IA est une technologie transformatrice, mais à évolution lente, et que ce sont les plateformes, et non les puces électroniques à usage unique, qui offrent des perspectives économiques durables.»