45 % des espèces de coraux menacées d’extinction : « La survie du corail est un enjeu planétaire »

Ça chauffe dans les profondeurs. La hausse des températures des océans a un impact fatal sur les récifs coralliens. Le déclin se poursuit : victimes du blanchissement, 44 % des espèces de coraux sont menacées d’extinction, selon une évaluation de l’Union internationale pour la conservation de la nature dévoilée durant la COP29.

Sauver les polypes, Serge Planes en a fait son dessein. Scientifique émérite et directeur de recherche au CNRS, il pilote un programme d’études de la génétique des populations des organismes marins sur l’île de Moorea, en Polynésie française. Depuis les atolls, il insiste sur le fait que réimplanter du corail ne suffira pas en l’état, et demande au secteur privé de s’investir dans ce combat.

Comment le recul des récifs coralliens se matérialise-t-il sur le terrain ?

Nous avons pu observer deux gros événements de blanchissement ces trois dernières années, dont un en 2024. Notre inquiétude, basée sur les modélisations scientifiques, c’est que ces épisodes deviennent de plus en plus récurrents et que les récifs n’aient pas le temps de récupérer. Avant, ils survenaient tous les vingt ans. Désormais, on peut les anticiper tous les trois ans. Il existe un consensus scientifique sur le fait que la survie d’un milliard de personnes dépend de l’existence des récifs coralliens sur la planète, principalement dans les Caraïbes et en mer de Chine : l’enjeu est de taille.

Des plans de restauration essaiment partout dans le monde. Sont-ils réellement efficaces ?

Le problème est le suivant : dès lors qu’on entend parler de restauration, il s’agit surtout de bouturage. Des associations découpent des bouts de grosses colonies de coraux, afin de les faire grandir et de les réimplanter sur le récif. On recrée certes du récif corallien à un endroit où il n’y en avait plus, mais de mon point de vue, cette reconstruction est très aléatoire.

Dès que vous allez avoir un nouvel épisode de canicule marine dans cette zone-là, vous risquez de repartir à zéro. Je veux bien qu’on restructure, mais ça ne résout pas le problème de fond, à savoir comment avoir un récif plus résilient. Ce qui me gêne, c’est qu’on laisse entendre que l’on va résoudre le problème uniquement par cette approche.

Votre approche à vous se concentre sur l’hybridation du corail. En quoi cela consiste-t-il ?

C’est ce qu’on appelle l’amélioration génétique. Il s’agit d’évolution assistée : on force cette évolution à aller plus vite. L’hybridation naturelle est assez contrainte, du fait du calendrier de ponte. On étudie comment décaler ces pontes afin de faire de l’hybridation non naturelle, mais on n’utilise pas de gènes particuliers comme pour les OGM, on se contente des calendriers de reproduction existants.

C’est exactement ce qui a été fait pour les plantes en agronomie durant des siècles. L’idée est de rechercher la vigueur hybride, disposer de certains croisements qui vont bénéficier des avantages d’une espèce et de ceux d’une autre espèce. En les cultivant, on espère avoir des hybrides thermorésistants, c’est-à-dire plus résilients face aux canicules marines. On réduirait l’impact des stress actuels et on accélérerait la restauration naturelle.

Avec quels acteurs travaillez-vous sur le terrain à Moorea ?

Je pense que les pouvoirs publics ne pourront pas à eux seuls restaurer les récifs coralliens, ils n’ont pas les moyens de le faire. Le privé a ces capacités financières. L’idée est d’impliquer le secteur privé dans ces recherches pour qu’il puisse ensuite investir en cas de succès. C’est pourquoi on fait de l’épreuve de concept. On travaille par exemple sur le stress du corail, à la fois causé par les canicules marines, mais aussi par le rayonnement solaire (UV, excès de photons, etc.).

En implantant de l’ombrage sur le corail, on a un effet d’atténuation sur le blanchissement, même si la température de l’eau n’est pas diminuée. Si on faisait du photovoltaïque flottant, on aurait une protection contre le rayonnement. On se concentre sur un projet test en Polynésie dans le lagon de Raiatea, en lien avec des entreprises privées, pour étudier l’effet sur le corail, à la fois en termes de croissance et de capacité de photosynthèse avec les algues.

Cette option aurait également une rentabilité économique d’un point de vue énergétique, les surfaces sur l’eau étant moins chères à mettre en œuvre que sur terre, tout en sachant qu’en Polynésie, les surfaces à terre sont difficiles à trouver. Ce serait donc un deal gagnant-gagnant.

Hormis l’hybridation, quelles autres études menez-vous ? Avez-vous bon espoir de réussir ?

On travaille sur la possibilité de développer des pépinières à environ 25 mètres de profondeur, elles seraient moins sensibles à des événements de canicule marine. Il existe également des recherches centrées autour du refroidissement des eaux de surface. On ne connaît pas encore bien l’impact de tous ces travaux sur le corail, nous n’en sommes qu’à la phase de test. Nous partons du principe que ça va marcher. Logiquement, c’est cohérent. Mais la biologie, ce n’est pas « 1 + 1 = 2 », c’est parfois beaucoup plus compliqué. Nous n’avons pas de réelle certitude.

L’un des écosystèmes les plus précieux, mais aussi le plus menacé

Plus qu’un simple patrimoine écologique, les récifs coralliens jouent un rôle fondamental d’habitat pour tout un tas d’espèces de poissons : 9 à 12 % des pêcheries mondiales en dépendent, selon la Plateforme Océan & Climat. De nombreux États insulaires fondent leur économie sur la pêche ou sur le tourisme de plongée. Mais, surtout, ils protègent les côtes de l’érosion, des inondations et des événements météorologiques extrêmes, en agissant telles des digues naturelles. Concrètement, ces brise-lames absorbent une grande partie de l’énergie déployée par les vagues. Ainsi, d’après l’organisme Coral Guardian, ces écosystèmes « longent plus de 150 000 kilomètres de côtes », ce « dans plus de 100 pays et territoires ».

Pour toutes ces raisons, l’avenir des populations côtières – 44 % de la population mondiale vit à moins de 100 km des côtes selon l’ONU – s’assombrirait sans le corail. De quoi nous alerter collectivement sur l’impérieuse lutte contre le blanchissement : un processus de dépérissement causé par le réchauffement des océans et leur pollution, à travers lequel les coraux changent de couleur. Ils expulsent les algues photosynthétiques qui leur fournissent la nourriture indispensable à leur vie. Sans cette symbiose, les polypes coralliens périclitent.

Plus qu’un simple patrimoine écologique, les récifs coralliens jouent un rôle fondamental d’habitat pour tout un tas d’espèces de poissons : 9 à 12 % des pêcheries mondiales en dépendent, selon la Plateforme Océan & Climat. De nombreux États insulaires fondent leur économie sur la pêche ou sur le tourisme de plongée. Mais, surtout, ils protègent les côtes de l’érosion, des inondations et des événements météorologiques extrêmes, en agissant telles des digues naturelles. Concrètement, ces brise-lames absorbent une grande partie de l’énergie déployée par les vagues. Ainsi, d’après l’organisme Coral Guardian, ces écosystèmes « longent plus de 150 000 kilomètres de côtes », ce « dans plus de 100 pays et territoires ».

Pour toutes ces raisons, l’avenir des populations côtières – 44 % de la population mondiale vit à moins de 100 km des côtes selon l’ONU – s’assombrirait sans le corail. De quoi nous alerter collectivement sur l’impérieuse lutte contre le blanchissement : un processus de dépérissement causé par le réchauffement des océans et leur pollution, à travers lequel les coraux changent de couleur. Ils expulsent les algues photosynthétiques qui leur fournissent la nourriture indispensable à leur vie. Sans cette symbiose, les polypes coralliens périclitent.

Plus qu’un simple patrimoine écologique, les récifs coralliens jouent un rôle fondamental d’habitat pour tout un tas d’espèces de poissons : 9 à 12 % des pêcheries mondiales en dépendent, selon la Plateforme Océan & Climat. De nombreux États insulaires fondent leur économie sur la pêche ou sur le tourisme de plongée. Mais, surtout, ils protègent les côtes de l’érosion, des inondations et des événements météorologiques extrêmes, en agissant telles des digues naturelles. Concrètement, ces brise-lames absorbent une grande partie de l’énergie déployée par les vagues. Ainsi, d’après l’organisme Coral Guardian, ces écosystèmes « longent plus de 150 000 kilomètres de côtes », ce « dans plus de 100 pays et territoires ».

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