Budget 2025 : 4 000 postes d’enseignants arrachés à la rigueur budgétaire

Le premier ministre semble être enfin sorti du flou le 15 janvier. En réponse au président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, François Bayrou s’est dit « prêt à renoncer à cette proposition de suppression des 4 000 postes dans l’Éducation nationale », qui faisait partie des mesures d’économies inscrites dans le budget de Michel Barnier.

Le maintien des postes d’enseignants a été confirmé le lendemain par la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne. « Nous allons stabiliser les effectifs d’enseignants, ce qui, dans le contexte de la baisse démographique, revient à augmenter le taux d’encadrement des élèves », a-t-elle indiqué dans un entretien au Parisien. Elle a également annoncé la création de « 2 000 postes d’accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) pour poursuivre la dynamique de l’école inclusive ».

Bayrou rétropédale

La veille pourtant, lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, le premier ministre avait semé le trouble. Loin de s’engager à renoncer aux suppressions prévues par son prédécesseur, comme le demandait le PS dans le cadre des négociations d’un accord de non-censure, il s’était contenté de promettre que « le nombre de postes qui sera(it) mis au concours ne baissera(it) pas ».

Il avait même laissé entendre, tout comme sa ministre des Comptes publiques, Amélie de Montchalin, que les 4 000 emplois maintenus correspondaient en réalité à 2 000 postes d’enseignants et 2 000 d’AESH.

Sous réserve qu’il ne s’agisse pas d’une entourloupe et que la sauvegarde des 4 000 postes soit bien confirmée, l’annonce a réjoui les syndicats enseignants. « C’est une bonne nouvelle qui permet de sortir d’une logique purement comptable », a réagi Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, auprès de l’AFP.

« Il faut plus de 10 000 emplois pour retrouver le taux d’encadrement de 2017 »

« On reste néanmoins loin du compte, estime la syndicaliste. Les postes qui ne seront pas supprimés sont en grande majorité dans le premier degré (3 155 sur 4 000 selon le Café pédagogique – NDLR). Or, dans le second degré, il faut plus de 10 000 emplois pour retrouver le taux d’encadrement de 2017. »

Plus grave encore, pour les enseignants comme pour les AESH, le gouvernement a choisi de laisser de côté la question d’une revalorisation des salaires et des statuts, pourtant indispensable pour redonner de l’attractivité à ces métiers. Une chose est d’annoncer que les 4 000 départs à la retraite seront remplacés, une autre est de parvenir à recruter, à l’heure de la chute continue du nombre de candidats au concours enseignants.

« Pour que ces postes soient pourvus, il faut vite reprendre le dossier des salaires et des carrières », martèle Sophie Vénétitay. Le premier ministre a lui même reconnu l’importance du sujet. Il y a « un gros travail à faire sur l’attractivité » car « les postes que nous mettons au concours, nous n’arrivons pas à les remplir », a-t-il souligné. Mais pour y répondre, il semble avoir choisi, au lieu d’une revalorisation des salaires, un élargissement de la base de recrutement, par le biais d’une baisse de bac + 5 à bac + 3 du niveau requis pour l’accès au concours d’enseignant.

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