Les rebelles au Yémen menacent de riposter aux raids américains meurtriers

En annonçant les raids samedi, le président américain Donald Trump a promis "l'enfer" aux "terroristes houthis" après leurs menaces contre le commerce maritime et Israël, et a sommé l'Iran de cesser son soutien à ces rebelles. L'Iran a condamné des frappes "barbares" et rejeté les menaces de M. Trump.

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen en guerre, dont Sanaa, ont averti que les frappes américaines lancées samedi soir "ne resteront pas sans réponse".

"Nos forces armées sont prêtes à répondre à l'escalade par l'escalade", a prévenu le bureau politique des Houthis, qui font partie avec notamment le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais de ce que l'Iran appelle l'"axe de la résistance" face à Israël. Le Hamas et le Hezbollah ont condamné les raids américains.

Des images diffusées par les médias houthis montrent des enfants et une femme parmi des blessés soignés aux urgences d'un hôpital, dont une fillette aux jambes couvertes de bandages.

"Absolument terrifiants"

Colonnes de fumée s'élèvent au dessus de Sanaa après des frappes américaines, le 16 mars 2025
Colonnes de fumée s'élèvent au dessus de Sanaa après des frappes américaines, le 16 mars 2025 © Mohammed HUWAIS / AFP

"Je n'ai jamais eu autant peur depuis le début de la guerre" au Yémen, confie un habitant de Sanaa, Malik, père de trois enfants, évoquant des bombardements "absolument terrifiants".

"Mes enfants hurlaient et pleuraient dans mes bras. C'est la première fois que je prononce la Chahada", la prière récitée avant la mort, assure cet homme de 43 ans.

Les Etats-Unis ont mené "une action militaire décisive et puissante" contre les Houthis, a déclaré Donald Trump en annonçant ces premières frappes américaines au Yémen depuis son retour à la Maison Blanche.

"Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu'à ce que nous ayons atteint notre objectif", a-t-il prévenu, à propos des Houthis classés "organisation terroriste étrangère" par les Etats-Unis.

Une photo diffusée par EUNAVFOR ASPIDES le 5 septembre 2024 et datée du 2 septembre montre des colonnes de fumée et du feu à bord du pétrolier grec Sounion au large de la ville yéménite de Hodeida, en mer Rouge, après avoir été attaqué en août par les rebelles houthis
Une photo diffusée par EUNAVFOR ASPIDES le 5 septembre 2024 et datée du 2 septembre montre des colonnes de fumée et du feu à bord du pétrolier grec Sounion au large de la ville yéménite de Hodeida, en mer Rouge, après avoir été attaqué en août par les rebelles houthis © - / EUNAVFOR ASPIDES/AFP/Archives

Le Commandement central américain, qui a publié des vidéos d'avions de combat décollant et d'une bombe détruisant un complexe, a fait état de "frappes de précision" lancées pour "défendre les intérêts américains, dissuader les ennemis et rétablir la liberté de navigation".

Avertissement à l'Iran

Une image diffusée par l'armée américaine le 15 mars 2025 montre des avions décollant pour une opération contre les rebelles houthis au Yémen
Une image diffusée par l'armée américaine le 15 mars 2025 montre des avions décollant pour une opération contre les rebelles houthis au Yémen © - / US Central Command (CENTCOM)/AFP

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené "en solidarité avec les Palestiniens" plusieurs attaques aux missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec Israël.

Les attaques ont cessé après l'entrée en vigueur le 19 janvier d'une trêve à Gaza après 15 mois de guerre destructrice. Mais après le refus d'Israël de permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, les rebelles ont annoncé le 11 mars leur intention de les reprendre contre des navires de commerce qu'ils estiment liés à Israël, au large du Yémen.

"Ne menacez pas le peuple américain, leur président (...) ou les routes maritimes mondiales. Et si vous le faites, attention, parce que l'Amérique vous en tiendra totalement responsable et nous ne vous ferons pas de cadeau!", a lancé Donald Trump à l'adresse de l'Iran.

"Le gouvernement américain n'a aucune autorité et aucun droit de dicter la politique étrangère de l'Iran", a rétorqué le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.

Entretien Rubio-Lavrov

Une foule imposante de Yéménites manifestent contre Israël et en solidarité avec les Palestiniens, à Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, le 17 janvier 2025
Une foule imposante de Yéménites manifestent contre Israël et en solidarité avec les Palestiniens, à Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, le 17 janvier 2025 © Mohammed HUWAIS / AFP/Archives

Lors d'une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a affirmé que "la poursuite des attaques houthies contre les navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge ne sera pas tolérée".

M. Lavrov, dont le pays est proche de l'Iran, a répondu que toutes les parties devraient s'abstenir de recourir à la force au Yémen.

Les attaques des Houthis contre les navires ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.

Un Yéménite empile à l'arrière d'une moto des colis d'aide humanitaire fournis par des organisations caritatives koweïtiennes aux déplacés par la guerre au Yémen, dans la région de Hays dans la province occidentale de Hodeida, le 9 mars 2025
Un Yéménite empile à l'arrière d'une moto des colis d'aide humanitaire fournis par des organisations caritatives koweïtiennes aux déplacés par la guerre au Yémen, dans la région de Hays dans la province occidentale de Hodeida, le 9 mars 2025 © Khaled ZIAD / AFP

Selon le Pentagone, les Houthis ont "attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023".

Pays pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est en proie à une guerre civile depuis 2014 qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué une catastrophe humanitaire.