Au lendemain de la projection de leur film pour ouvrir la 78e édition du Festival de Cannes, l’équipe de Partir un jour, qui tenait ce mercredi une conférence de presse, flotte encore sur son nuage. « C’était dingue. Comme dit Juliette : ce fut un formidable moment d’émotion partagée. Et ce, alors que je me posais la question d’un public international et j’avais peur d’un froid polaire. Mais cela a été un moment partagé très joyeux. Ça n’arrêtait pas Leonardo DiCaprio, Robert de Niro, Mylène Farmer, Quentin Tarantino », souffle la réalisatrice Amélie Bonnin, qui a reçu mardi soir une ovation de cinq minutes de la part de l’Auditorium Lumière.
Rien ne saurait abattre la bonne humeur de la metteuse en scène, qui transpose son court-métrage pour lequel elle a reçu un César en 2023. Pas même la facétieuse question inaugurale d’un journaliste sur l’absence des Lacs du Connemara de la liste des chansons populaires, qui sont reprises dans le film par Juliette Armanet, Bastien Bouillon ou François Rollin. Amélie Bonnin a botté en touche en esquivant le sujet. «Indépendamment des Lacs du Connemara, j’avais envie avec Partir un jour de montrer le talent de comédienne de Juliette».
«Amour fou des chansons populaires»
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« Partir un jour est un film musical qui réinvente la comédie musicale, rien n’est chanté en playback. C’est le même micro qui capte les dialogues. C’est une façon de faire rentrer la musique dans les dialogues. Pour les personnages, la meilleure façon de parler et d’exprimer leurs émotions est de chanter », s’est réjouie Juliette Armanet. Et de noter : « On était tous déplacés par rapport à notre domaine de compétence ordinaire. Moi en jouant, mes partenaires en chantant. J’avais peut-être fait deux-trois jours de tournage mais jamais deux mois, Amélie a cherché les fragilités, les choses qui nous échappent. Elle filme ce qu’on vit au quotidien lorsqu’on écoute la musique, la bande originale de notre vie en cuisinant ou en faisant autre chose. Amélie signe un contrepied à la comédie musicale hollywoodienne où le réel devient magique. Dans son film, la magie est dans le réel. »
Le tube de Michel Sardou avait valu à Juliette Armanet une sacrée polémique. Dans une interview à la presse belge, la chanteuse du Dernier jour du disco avait, cet été, reproché «un côté scout et sectaire» à la chanson. Elle s’en était par la suite expliquée avec Michel Sardou et lui avait présenté ses excuses. Au Figaro, Juliette Armanet admettait « C’était maladroit, et je m’en suis expliquée avec Michel Sardou . Je suis contente de faire un film qui parle de l’amour fou qu’on a pour des chansons populaires. »
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Sorti en salle mardi soir, Partir un jour suit Cécile. La chef de cuisine, gagnante de « Top Chef », est sur le point d’ouvrir son restaurant à Paris avec son compagnon. Elle est enceinte mais il ne le sait pas. Le troisième infarctus de son père la force à rendre visite à ses parents (François Rollin et Dominique Blanc), propriétaires d’un relais routier dans l’est de la France. De retour au pays, Cécile croise Raphaël, béguin de jeunesse resté les pieds dans la boue et les mains dans le cambouis – il est garagiste. Comme Alain Resnais, Amélie Bonnin fait chanter ses personnages. Les dialogues cèdent la place aux paroles de tubes du répertoire, de Nougaro (Cécile, ma fille) à Stromae (Alors on danse) en passant par K-Maro (Femme Like U).