"Il ne faut surtout pas que la mobilisation cesse" : trois mois après l'arrestation de Boualem Sansal, une soirée de soutien est organisée à l'Institut du monde arabe

"Il ne faut surtout pas que la mobilisation cesse, il faut qu'elle continue, qu'elle aille crescendo et que tout le monde se mobilise, pas seulement le monde de la littérature", a déclaré lundi 17 février l'écrivain et président de l'académie Goncourt Philippe Claudel sur franceinfo. Une soirée de soutien pour Boualem Sansal est organisée mardi à l'Institut du monde arabe à Paris. Des dizaines d'écrivains sont réunis à l'initiative de Gallimard, éditeur de Boualem Sansal.

Mardi, Philippe Claudel ne sera pas présent physiquement à la soirée, mais un texte qu'il a écrit sera lu. Dans cette lettre, il se met à la place de Boualem Sensal et le fait parler : "M'entendez-vous ? M'entendez-vous encore ?", lui fait-il dire. "Je tourne, tourne, tourne en rond et tourne encore. C'est grotesque de demander à un vieil homme comme moi, malade, de jouer la comédie de l'écrivain dangereux, qui par ses seules paroles pourrait faire s'effondrer un régime."

Philippe Claudel poursuit : "Le pire serait le silence, le pire serait la surdité, le pire serait l'oubli. Au début, moi le premier, je pensais que ça allait durer quelques jours et que l'Algérie allait expulser Boualem pour une raison ou une autre. Mais cela dure regrette-t-il. Cette comédie tragique dure et elle est de plus en plus inadmissible. Mais en même temps il ne faudrait pas s'y habituer. Il ne faudrait pas faire en sorte que l'on ne parle plus de Boualem, qu'on ne parle plus de son cas et qu'on le laisse croupir dans une geôle algérienne."

"Les nouvelles sont préoccupantes"

L'écrivain Philippe Claudel souhaite aussi que cette mobilisation "s'élargisse au-delà de cette communauté littéraire. La première communauté d'origine étrangère en France, c'est la communauté algérienne. Pourquoi je n'entends pas plus cette communauté soutenir le cas de Boualem ?", s'interroge-t-il. Philippe Claudel se dit aussi inquiet à propos de l'état de santé de Boualem Sansal. "Boualem, malheureusement, est dans un état de santé préoccupant. Les nouvelles sont préoccupantes et plus le temps passe, plus elles le sont."

"Boualem Sansal est un homme âgé, qui n'est pas en bonne santé, qui est détenu dans des conditions arbitraires."

L'écrivain Philippe Claudel

sur franceinfo

L'écrivain franco-algérien âgé de 75 ans et critique du pouvoir algérien a été incarcéré mi-novembre pour "atteinte à l'intégrité de l'Etat". "Un motif totalement fantaisiste", dénonce le comité de soutien composé de 1 000 membres de nationalités et de courants de pensées divers.