Israël rejette l’idée d’un cessez-le-feu au Liban
Le cessez-le-feu entre Israël et le Liban promu par la communauté internationale restera-t-il lettre morte ? Évoquée mercredi soir en marge de l’Assemblée générale des Nations unies par les États-Unis et la France, la trêve se voulait « immédiat(e) » pour une durée de vingt et un jours et visait à endiguer le risque grandissant d’un conflit à plus grande échelle au Moyen-Orient.
Si le premier ministre libanais a dit espérer un arrêt des combats rapide, le gouvernement israélien a presque immédiatement rejeté l’éventualité d’une pause de l’offensive. Benyamin Netanyahou a déclaré que l’armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah « avec toute la force nécessaire ». « Il s’agit d’une proposition américano-française à laquelle le premier ministre n’a même pas répondu », a sèchement expliqué le bureau du premier ministre alors ce dernier s’envolait pour les États-Unis. Peu avant, le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, avait assuré qu’« il n’y aura pas de cessez-le-feu dans le Nord ». Le ministre des Finances, l’allié d’extrême droite Bezalel Smotrich, a estimé que la seule issue était d’« écraser le Hezbollah ». Un autre ministre d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a de son côté menacé de boycotter les travaux du gouvernement si Israël accepte ce cessez-le-feu temporaire. Or l’appui de son parti, Otzma Yehudit, est indispensable à la coalition conduite par Benyamin Netanyahou.
Nouvelle rebuffade
Face à cette nouvelle rebuffade infligée à Joe Biden, ainsi qu’à nombre de pays de l’Union européenne et du Moyen-Orient, comme l’Arabie saoudite, qui soutient l’initiative, le secrétaire d’État Antony Blinken s’est contenté d’affirmer « que le monde avait clairement exprimé le besoin d’un cessez-le-feu », avant d’ajouter qu’il aurait des entretiens jeudi soir avec des officiels israéliens au siège des Nations unies.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, présent lui aussi à New York, a enjoint de cesser « les tueries et d’envoyer des armes en Israël ». L’Assemblée générale se tient alors que le directeur de ministère israélien de Défense est à Washington pour finaliser une importante enveloppe d’aide militaire américaine à Israël de 8,7 milliards de dollars.
Après l'explosion des bipeurs et talkies-walkies du mouvement, cette nouvelle frappe expose la faiblesse du Hezbollah et sa pénétration par les renseignements israéliensPour le quatrième jour d’affilée, les chasseurs bombardiers israéliens ont conduit des raids contre le mouvement chiite soutenu par l’Iran. L’armée a dit mener jeudi 75 « frappes précises », touchant notamment la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah. Cette attaque dans la capitale, qui aurait visé l’un des commandants du mouvement, Mohammed Srour, dit Abou Saleh, responsable de l’unité des drones, « a tué deux personnes et en a blessé quinze autres, dont une femme qui se trouve dans une condition critique », selon le ministère de la Santé libanais.
L’armée israélienne a de son côté affirmé que ses avions de chasse « ont ciblé et éliminé, le commandant de l’unité aérienne du Hezbollah, à Beyrouth ». Si la mort de ce haut commandant, envoyé au Yémen pour entraîner les rebelles houthistes, devait être confirmée, cela serait un nouveau coup dur pour le mouvement pro-iranien. Après l’explosion des bipeurs et talkies-walkies du mouvement, cette nouvelle frappe, proche de celle qui vendredi a tué Ibrahim Aqil, le commandant de l’unité d’élite du Hezbollah, et plusieurs autres responsables, expose la faiblesse du Hezbollah et sa pénétration par les renseignements israéliens.
Frappe contre une école
Dans la ville, la peur gagne alors que des dizaines de milliers de civils affluent depuis des jours dans des embouteillages, fuyant les bombardements les plus intenses depuis la guerre de 2006, mais aussi l’Est. Le pays compte plus de 90 000 déplacés depuis lundi selon l’ONU.
Jeudi, l’armée israélienne a, comme elle l’avait annoncé, durement frappé la plaine de la Beeka, un autre bastion du Hezbollah. Une frappe sur un immeuble dans une zone frontalière avec la Syrie a fait vingt morts, dont des femmes et des enfants presque tous des réfugiés syriens, selon le ministère libanais de la Santé. « C’était indescriptible, l’une des pires nuits que nous ayons vécues. On se dit qu’il n’y a qu’une seconde entre la vie et la mort », a raconté à l’AFP Fadia Rafic Yaghi, une femme de 70 ans, propriétaire d’un petit magasin à Baalbek.
Israël a annoncé, jeudi après-midi, avoir bloqué 45 tirs arrivant du Liban. Le Hezbollah a assuré avoir visé des installations de production militaire près de Haïfa, le grand port du nord d’Israël.
Israël poursuit son offensive dans la bande de Gaza, où la Défense civile a annoncé jeudi la mort de quinze personnes dans une frappe contre une école accueillant des déplacés dans le camp de Jabalia.