Le 8 mai, Macron rappelle que le combat pour la paix «n’est jamais fini»
À bord d’un «command car», le président de la République Emmanuel Macron et le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, ont passé les troupes en revue, autour de la place de l’Étoile à Paris. Quelques minutes auparavant, il avait rendu hommage au Général De Gaulle, en contrebas place Clemenceau. En ce 8 mai, le chef de l’État commémore comme tous les ans la victoire alliée contre l’Allemagne nazie mais aussi les batailles et les souffrances de la Seconde Guerre mondiale, racontées dans un film, projeté avant qu’il ne prenne la parole. Les images des démocraties luttant contre la dictature résonnent comme un rappel à la vérité historique, alors que la Russie de Vladimir Poutine en guerre depuis trois ans contre l’Ukraine prépare, pour le 9 mai, un nouveau défilé militaire de propagande. Comme un avertissement alors que les espoirs de paix entre Kiev et Moscou paraissent fragiles.
«Nous n’aurons jamais fini de nous battre pour la victoire»
Après avoir rendu hommage aux vainqueurs de 1945, aux soldats comme aux résistants, qui ont reconstruit un ordre international sur les ruines du conflit, Emmanuel Macron évoque, à la fin de son discours, les temps présents où l’on voit «réapparaître le spectre de la guerre, ressurgir les impérialismes et les comportements totalitaires, bafouer le droit des nations». Il ne cite pas directement la Russie de Vladimir Poutine. Il cite l’écrivain Charles Péguy. «Les soirs de victoire, on s’imagine qu’il n’y aura plus jamais, jamais, jamais de défaite, et les soirs de défaite on s’imagine qu’il n’y aura plus jamais, jamais, jamais de victoire. Mais quand on est un vieux soldat, on sait ce qu’il en est. J’ai tant vu de défaites qui arrivaient après des victoires, et j’ai tant vu, aussi, de victoires qui arrivaient après des défaites, que je ne crois plus jamais que c’est fini», reprend le chef de l’État. «Nous n’aurons jamais fini de nous battre pour la victoire et nous n’aurons jamais fini de défendre la paix. Si certains le pensaient, ces dernières années nous l’ont rappelé», poursuit-il en promettant que la voix de la France se ferait entendre «encore et toujours».
Le discours du président de la République s’écoute comme un hommage à la France du Général De Gaulle qui, en 1945, a su reprendre sa place et se faire entendre des alliés. «Là où flotte son drapeau flotte aussi une certaine idée de l’homme», dit-il. Mais on imagine que le président songe aussi aux négociations que Washington voudrait mener directement avec Moscou sans forcément tenir compte des Européens.
D’hommages en discours militaires, Emmanuel Macron s’efforce de rendre hommage au courage et à l’esprit de résistance. Malgré son impopularité et son affaiblissement politique, il égrène les messages implicites. Il y a quelques jours, il se trouvait à Aubagne pour la fête de Camerone, qui symbolise l’esprit de la Légion. «La France en laquelle vous croyez est celle qui ne se rend pas à la loi du nombre, qui, debout, impose le respect dans la noblesse de ses combats. La France, patrie de volonté et de bravoure, qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée, mais une volonté, chaque jour recommencée, d’accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main, un rêve universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie», avait-il lancé. Conscient de la gravité du moment historique pour l’Europe, Emmanuel Macron prépare les esprits et loue le sens de l’engagement.