Quels propos de Dmitri Medvedev ont incité Donald Trump à déployer deux sous-marins nucléaires ?

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La tension monte encore d’un cran entre les États-Unis et la Russie. Vendredi, Donald Trump a annoncé sur son réseau Truth Social avoir ordonné le déploiement de deux sous-marins nucléaires «dans les zones concernées» après des «déclarations hautement provocatrices de l’ancien président russe Dmitri Medvedev », aujourd’hui vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie. Le dirigeant américain n’a pas précisé où exactement les sous-marins seraient envoyés, ni s’il s’agissait de submersibles à propulsion nucléaire ou de sous-marins porteurs d’ogives atomiques. Il a justifié son choix par la possibilité que «ces déclarations insensées et incendiaires (soient) plus graves». «Les mots sont très importants et peuvent souvent avoir des conséquences inattendues. J’espère que ce ne sera pas le cas», a-t-il ensuite averti.

Dans son message, Donald Trump n’a pas précisé quels étaient les propos «provocateurs» de Dmitri Medvedev, président de la Russie de 2008 à 2012 entre deux mandats de Vladimir Poutine. Mais sa prise de parole intervient après de nombreux échanges par réseaux interposés, dont le dernier est un message de l’ex-président russe publié le 31 juillet sur son compte Telegram. «Si les propos d’un ancien président russe provoquent une réaction aussi nerveuse chez un président américain aussi redoutable, cela signifie que la Russie a tout à fait raison et qu’elle continuera à suivre sa voie», a-t-il affirmé. Dmitri Medvedev a également réagi aux précédentes déclarations de Donald Trump qui avait qualifié de «mortes» les économies russes et indiennes. «Qu’il se souvienne du danger que peut représenter la légendaire “main morte”», a-t-il poursuivi, ajoutant un émoji moqueur.

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Riposte nucléaire

En évoquant la «main morte», Dmitri Medvedev fait référence à un système automatisé de riposte nucléaire mis en place par l’Union soviétique dans les années 1980, en pleine Guerre froide. Ce dispositif ultra-secret permettait à l’URSS de prendre le contrôle de son arsenal nucléaire en cas de destruction de sa chaîne de commandement. Il aurait été conçu en réaction au développement par les États-Unis de nouveaux missiles et dans le but de posséder une arme de dissuasion. Concrètement, ce système déclenchait des missiles nucléaires sur des cibles américaines s’il détectait une attaque nucléaire contre Moscou.

Ainsi, en mentionnant la «main morte», Dmitri Medvedev cherche à réaffirmer la puissance de l’arme nucléaire russe. Une menace qu’il brandit régulièrement, comme en 2023 lorsqu’il avait déclaré que «la menace d’un conflit nucléaire n’est pas passée. Elle a augmenté. Chaque jour où des armes étrangères sont livrées à l’Ukraine rapproche finalement cette même apocalypse nucléaire».

Dmitri Medvedev, qui passait pour un président modéré durant son mandat, s’était montré plutôt clément ces derniers mois envers le président américain, saluant sa volonté de bousculer l’ordre économique mondial en brutalisant ses alliés traditionnels ou encore la manière dont il avait admonesté Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche.

Sanctions américaines

Mais l’ancien président russe apprécie peu que la Russie reçoive des ordres, qui plus est de Washington. Alors que Donald Trump a donné un délai de «10-12 jours» à Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, Dmitri Medvedev a haussé le ton le 28 juillet dans un post X, déclarant que «chaque nouvel ultimatum est une menace et un pas vers la guerre. Non pas entre la Russie et l’Ukraine, mais avec son propre pays». «Trump joue au jeu de l’ultimatum avec la Russie : cinquante jours ou dix jours… (...) La Russie n’est ni Israël ni même l’Iran», a-t-il ajouté.

Donald Trump a mis de côté sa posture bienveillante envers la Russie qu’il avait endossée depuis son retour à la Maison-Blanche, lassé du manque de coopération de Vladimir Poutine pour trouver un accord de paix avec son homologue ukrainien. «Nous allons imposer des sanctions», a ainsi déclaré le président américain jeudi. Le milliardaire américain envisage notamment des sanctions dites «secondaires», qui seront infligées aux partenaires économiques de la Russie comme l’Inde et la Chine qui achètent entre autres du pétrole russe, dans le but de tarir cette source de revenus essentiels pour la machine de guerre russe.

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«La Russie ? Je trouve ce qu’ils font dégoûtant», a également déclaré Donald Trump faisant référence à la poursuite des bombardements de l’Ukraine. Selon une analyse de l’AFP, les forces armées russes n’ont jamais lancé autant de drones contre l’Ukraine qu’en juillet 2025. Cette analyse, fondée sur des chiffres fournis par Kiev, révèle que Moscou a tiré 6297 drones à longue portée contre l’Ukraine le mois dernier, un chiffre en augmentation pour le troisième mois consécutif et en hausse de 16% par rapport à juin.