La Réparation, Le Mélange des genres , Sinners... Les films à voir et à éviter cette semaine
La Réparation - À voir
Drame de Régis Wargnier - 1 h 44
Sous les frondaisons verdoyantes d’une forêt bretonne, deux amants se cherchent, se trouvent et s’enlacent fougueusement. Clara, la fille du chef étoilé Paskal Jankovski, rentre avec des petites étoiles dans les yeux. Elle prévoit de tout quitter pour filer le parfait amour avec Antoine, le second de son père en cuisine. Quand il apprend la nouvelle, l’ombrageux Polonais a du mal à se contenir. Il convie sa brigade à une partie de chasse en forêt… Et disparaît soudainement avec son second. Deux ans plus tard, Clara reçoit une intrigante invitation. Elle est priée de participer au prestigieux Salon de la gastronomie de Taïwan. Sur place, elle découvre que certaines spécialités développées par son père se retrouvent étrangement mises au goût du jour par un cuisinier de l’île.
Entre thriller psychologique, conte de fées onirique et quête de soi, La Réparation ausculte tout autant l’univers de la gastronomie que la manière dont un enfant tente de faire un deuil impossible ou de gérer un pesant héritage familial. O. D.
La note du Figaro : 3/4
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Le Mélange des genres - À voir
Comédie dramatique de Michel Leclerc - 1 h 43
À Dijon, la moutarde monte vite au nez du collectif féministe Les Hardies qui mène des actions coup de poing pour défendre les femmes victimes de violences conjugales. Parmi ces guerrières de la révolution féministe se trouve Simone. Cette inspectrice de police s’est infiltrée dans la bande et cherche à savoir si le collectif s’est rendu complice d’un meurtre perpétré par une femme battue. Pour ne pas compromettre sa couverture, elle accuse de viol le premier homme venu, qui n’a strictement rien à se reprocher...
Michel Leclerc fait en sorte que chacun des camps en prenne pour son grade et s’arrange pour que la guerre des sexes n’ait pas lieu. Avec finesse et sensibilité Le Mélange des genres fait l’éloge de la douceur et se ménage même quelques surprenants moments oniriques. On ressort sous le charme. O. D.
La note du Figaro : 3/4
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Sinners - À voir
Action de Ryan Coogler - 2 h 17
Michael B. Jordan joue le double rôle des frères jumeaux Smoke et Stack, vétérans de la Première Guerre mondiale de retour dans leur ville natale du Mississippi, en 1932, après avoir tenté de se faire une place dans la pègre de Chicago tenue par Al Capone. Les frangins achètent une grange pour la transformer en « juke joint », établissement qui tient du débit de boissons, de la salle de jeux et du dancing. Ils embarquent dans l’aventure leur jeune cousin Sammie, Delta Slim, un musicien porté sur la bouteille, un couple d’épiciers chinois, et des anciennes amours prêtes à rallumer la flamme.
Ryan Coogler ose un croisement habile entre La Couleur pourpre, de Steven Spielberg, et Une nuit en enfer, de Robert Rodriguez. S’il est impossible d’anticiper l’accueil que le public réservera à Sinners, il est indéniablement l’une des plus belles réussites de Warner depuis longtemps. É. S.
La note du Figaro : 3/4
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Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) - À voir
Comédie de Pat Boonnitipat - 2 h 05
L’histoire met en scène M, un garçon désabusé qui, comme de nombreux jeunes de la génération Z, rêve de vivre de sa passion pour les jeux vidéo en étant streamer à succès. En attendant, il passe ses journées à jouer en ligne, tout en vivant chez sa mère, sans le moindre sou vaillant devant lui. Une vague cousine qui vient d’hériter d’un vieil oncle qu’elle assistait dans son quotidien lui donne une idée lumineuse. Avec un cynisme à peine dissimulé, il va s’occuper de sa grand-mère à qui on vient de diagnostiquer un cancer en phase terminale. Son objectif ? Devenir son petit-fils préféré pour toucher le pactole après son décès. Bien entendu, rien ne se passera comme prévu. De jour en jour, une relation complice se tisse entre les deux. M ira même jusqu’à laver le corps nu de sa grand-mère dans la bassine.
Avec ce mélange d’humour mordant et de moments touchants, cette « dramédie » pleine d’espièglerie propose avant tout un joli cheminement psychologique sur la transmission, qui va du cynisme à la tendresse, au gré de l’évolution des relations entre M et sa grand-mère. O. D.
La note du Figaro : 3/4
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Harvest - À voir
Drame d’Athina Rachel Tsangari - 2 h 11
Harvest débute au moment où approche la fête des moissons, ce qui provoque l’effervescence chez les paysans. Maître Kent joue les seigneurs bienveillants tout en étant l’ami d’enfance de Walter Thirsk. Bientôt un cartographe à la peau noire arrive sur leurs terres avec ses crayons, pinceaux et chevalets. Las, la carte qu’il dessine n’a rien d’un projet artistique. Le cartographe va plutôt servir de triste catalyseur de changement, amenant tel un oiseau de mauvaise augure l’inquiétude et l’affliction autour de lui.
Athina Rachel Tsangari signe une fable sombre et hallucinée sur la fin d’un paradis agraire perdu par les hommes au profit de l’avènement du capitalisme. Film politique et poétique, Harvest capte une époque révolue et distille un parfum de fin du monde adouci par la triste mélancolie d’un inéluctable exode. O. D.
La note du Figaro : 2,5/4
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Lettres siciliennes - On peut voir
Drame de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza - 2 h 10
En Sicile, les parrains en cavale sont obligés de vivre comme des rats. Ils ont des milliards à la banque et ils se cachent dans l’appartement d’une veuve, réfugiés derrière une bibliothèque coulissante. Tous ces morts pour ça. Tel est le cas de Matteo, recherché par la police de l’île depuis des décennies. Heureusement, la corruption règne à tous les niveaux. Cela permet aux services secrets de soudoyer un homme politique qui sort de prison. Il se trouve que le mafieux traqué est son filleul. La ruse consistera à lui adresser des lettres pour le piéger. Un jeu du chat et de la souris se met en place. L’épistolier amateur soigne son style ; ses mots font attention où ils posent les pieds. Il s’agit de flatter, mais pas trop. Il ne faut pas que le destinataire se doute de la manœuvre.
Les esprits mal placés se consoleront en voyant que le gendre de Servillo est le parfait sosie de Macron, détail assurément fortuit. Il y a aussi ce chantier d’hôtel abandonné au milieu de nulle part qui incarne les rêves de grandeur perdue et ce puzzle géant représentant la Sicile. Il lui manque une pièce. C’est, en gros, le défaut du film. Bien à vous. É. N.
La note du Figaro : 2/4
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Aimons-nous vivants - À éviter
Comédie de Jean-Pierre Améris - 1 h 30
L’intrigue débute lors d’un concert à l’Olympia d’Antoine Toussaint. Seul sur scène, un rond de lumière braqué sur lui, Gérard Darmon impressionne avec une reprise de Mambo italiano de Dean Martin. Patatra! Le bonhomme s’effondre victime d’un AVC. Déprimé, neurasthénique, il décide d’en finir avec la vie en ayant recours au suicide assisté en Suisse. Il prend le train pour Genève. Re-patatra! Une passagère envahissante prénommée Victoire le reconnaît et l’entreprend durant tout le trajet.
Les péripéties d’Aimons-nous vivants s’enchaînent mécaniquement sans que l’un ou l’autre des comédiens ne puisse ranimer l’encéphalogramme plat de cette pochade téléphonée qui se voudrait une réflexion douce-amère sur la célébrité et l’envie d’en finir. O. D.
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